Ils ont été reconnus responsables de la mort de 3.000 personnes. Le Suisse Stephan Schmidheiny, 64 ans, et le Belge Jean-Louis Marie Ghislain de Cartier de Marchienne, 90 ans, ont été condamnés lundi à 16 ans de prison.
Le procureur avait requis 20 ans à leur encontre en juillet dernier, à l'issue de ce procès historique. Les deux hommes devront aussi verser plus de 250 millions d'euros aux diverses parties civiles, selon les calculs de la défense.
Les accusés feront appel
Les avocats des accusés, qui ont été condamnés par contumace, ont toutefois annoncé qu'ils feront appel de la sentence de première instance, procédure qui peut durer plusieurs années. Ils pourront ensuite aller jusqu'en Cassation, ce qui pourrait repousser à très loin un jugement définitif.
Dans les années 70 et 80, ces deux personnalités fortunées étaient d'importants actionnaires de l'entreprise Eternit-Italie. Celle-ci a fait travailler pendant des années des milliers d'ouvriers dans des usines d'amiante-ciment sans protection.
Un avocat français
Les deux hommes, qui ne se sont jamais présentés aux audiences, étaient accusés d'avoir provoqué "une catastrophe sanitaire et environnementale" et d'avoir enfreint les règles de la sécurité au travail. La défense, elle, niait toute responsabilité directe des deux accusés dans la gestion de la société.
Le procès s'est ouvert en décembre 2009 à Turin. Avec plus de 6.000 parties civiles, il s'agissait du plus important jamais organisé autour du drame de l'amiante. "C'est un procès historique", a affirmé le procureur Raffaele Guariniello. "Le plus grand au niveau mondial dans l'histoire de la sécurité au travail".
Un avocat parisien, Maître Jean-Paul Teissonnière, a plaidé au nom des victimes italiennes. Pour lui, l'affaire est "emblématique". Et l'issue du procès redonnera sans doute espoir aux proches des milliers de victimes françaises de l'amiante. Dans l'hexagone, l'amiante pourrait avoir fait 100.000 morts d'ici 2025.
"La justice peut et doit être faite"
"Cette sentence donne à tous, non seulement en Italie mais aussi dans le monde entier le droit de rêver que la justice peut et doit être faite", a estimé le procureur Raffaele Guariniello, qui a enquêté pendant 5 ans pour arriver jusqu'au procès de Turin, le premier au pénal.
La condamnation est "techniquement injuste", a pour sa part estimé Guido Alleva, avocat du milliardaire suisse, en estimant qu'"il est absurde de penser à une responsabilité intentionnelle" de son client.