Un exemple pour la justice française ? Le plus grand procès de l’amiante, organisé en Italie depuis décembre 2009, intéresse de près les victimes françaises. Un avocat parisien, Maître Jean-Paul Teissonière, va même plaider lundi au nom des victimes italiennes. En France, l’amiante pourrait avoir fait 100.000 morts d’ici 2025.
Au début du mois, des peines de vingt ans de prison ont été requises contre deux hauts responsables d’Eternit Italie. L’ex-propriétaire du groupe et un ancien actionnaire sont accusés d’être responsables de la mort d’environ 3.000 personnes, ouvriers ou habitants des villes où le groupe, qui a fait faillite en 1986, avait ses usines.
6.000 parties civiles
Pour Maître Teissonnière, c’est une "première mondiale". Le procès rassemble plus de 6.000 parties civiles et c’est la première fois que la justice pénale se saisit d’un tel dossier. Une affaire emblématique, selon l’avocat français : comme ailleurs, "on a décidé, malgré la connaissance des dangers, de continuer l’exploitation industrielle de l’amiante, parce que l’amiante, c’était l’or blanc".
Et en France ? Les procédures sont "enlisées à la suite de plaintes déposées en 1996. Il y a des mises en examen, on ne débouche pas sur des procédures pénales". L’amiante, à l’origine de cancers, reste pourtant d’actualité : "des maladies continueront à se déclarer vingt, trente, quarante ans après".
En Italie, les deux accusés ne se sont jamais présentés aux audiences. Il leur est reproché d’avoir provoqué une catastrophe environnementale et d’avoir enfreint les règles de la sécurité au travail. Ils devraient être fixés sur leur sort d’ici la fin de l’année.