>> L'info. Alors que la droite française se déchire pour le leadership, Angela Merkel "roucoule" avec les Allemands. Première femme à diriger un grand parti outre-Rhin, elle est à la tête de la l'Union chrétienne-démocrate (CDU) depuis maintenant douze ans. Et son poids est toujours aussi proéminent sur la scène politique. Elle a été réélue, mardi à Hanovre, présidente de la CDU avec 97,94% des voix. Une nouvelle performance politique puisque il s'agit de son meilleur résultat depuis qu'elle dirige le parti. Il y a deux ans, elle avait été réélue au précédent congrès avec 90,4% des voix.
• Une popularité indéfectible… La confiance suscitée par le capitaine Merkel dans la tempête économique continue de séduire les Allemands. Celle qui dirige l'Allemagne depuis sept ans jouit même d'une popularité record autour de 70%. Un score jamais égalé pour un dirigeant allemand depuis 1945. La chancelière semble donc bien partie pour remporter un troisième mandat lors des élections législatives de septembre 2013. "Parler de culte, c'est exagéré, mais elle est très populaire dans la population. A la CDU, elle est plus respectée qu'aimée", explique Gerd Langguth, spécialisé dans les sciences politiques à l'université de Bonn et biographe de la chancelière.
… même si la coalition est en difficulté. Depuis plusieurs semaines, la question de nouvelles alliances se posaient pour la CDU après les élections législatives de 2009. La coalition gouvernementale a enchaîné les revers dans les scrutins régionaux, perdant notamment un bastion historique (le Bade-Wurtemberg) et s'effondrant en Rhénanie du Nord-Westphalie. Une alliance avec ses concurrents sociaux-démocrates du SPD, voire avec les Verts a donc été envisagée. Lors de son discours, la chancelière allemande a affirmé sa volonté de poursuivre son alliance gouvernementale avec les libéraux du FDP, alors que son allié est en plein marasme.
Dans les sondages, la CDU et le FDP ne disposent pas actuellement de la majorité nécessaire pour reconduire leur coalition. Les conservateurs sont crédités de 37% à 39% des suffrages. Les libéraux, avec seulement 4% d'intentions de vote, risquent de ne pas atteindre le seuil de 5% nécessaire pour entrer au Bundestag.
• Elle reste la patronne de la zone euro. Sur les marchés, la situation s'est un petit peu calmée ces dernières semaines, notamment grâce à l'engagement du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, d'acheter les titres de dette des pays de la zone euro en difficulté. Cette amélioration n'est donc pas vraiment de la responsabilité de la chancelière. Toujours est-il qu'Angela Merkel apparaît, aux yeux des Allemands, comme la capitaine de la zone euro.
"Nous nous trouvons parfois sur une mer déchaînée", a-t-elle affirmé, évoquant la crise financière. Mais "pendant que d'autres pays d'Europe sont en récession, nous sommes le moteur de la croissance en Europe", a-t-elle martelé. Filant la métaphore marine, elle a cité un vieux dicton : "Le vent et les turbulences sont l'œuvre de Dieu, mais la voile et le gouvernail nous appartiennent".
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• Ferme mais prête à des concessions. Vilipendée en France par certains politiques pour ses aspirations austéritaires, sa manière de faire de la politique séduit aussi en Allemagne. Dans son pays, on lui sait gré de s'en être tenue à ses principes, et notamment de ne pas avoir cédé à ceux qui souhaitaient un pas supplémentaire dans l'intégration de la zone euro avec une mutualisation de la dette. Et pourtant, la semaine dernière, la chancelière a obtenu le vote des députés du Bundestag à une très large majorité à propos de l'assouplissement de la dette grecque. Les Allemands ne semblent même pas lui tenir rigueur de la reconnaissance pour la première fois de la nécessité d'un possible effacement d'une partie de cette dette.