Pour l'instant, rien n'a filtré de leur rencontre. Le président syrien Bachar al-Assad a reçu mardi matin le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, selon l'agence de presse officielle Sana. Cette rencontre doit permettre de sauver le plan de paix, mis à mal par les récents massacres notamment celui perpétré vendredi à Houla, dans le centre du pays.
Le plan de paix bafoué. Le 10 mars, lors de sa première visite en Syrie, le médiateur de l'ONU avait obtenu des autorités et des opposants un engagement à respecter un plan de paix en six points, prévoyant notamment un cessez-le-feu. Entré en vigueur le 12 avril, il est cependant violé quotidiennement. A Houla, 108 personnes ont trouvées la mort dont 49 enfants et 34 femmes. Le porte-parole du Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Rupert Colville a estimé mardi que "moins de 20 des 108 (morts) peuvent être attribuées aux tirs d'artillerie et de chars". "La plupart des autres victimes (...) ont été sommairement exécutées lors de deux incidents différents" qui ont été perpétrés, selon des habitants, par des miliciens pro-régime "chabiha", a-t-il insisté.
Alors que Kofi Annan et Bachar al-Assad s'entretiennent à Damas, le bain de sang se poursuit. Six personnes ont ainsi trouvé la mort mardi en fin de matinée, à travers le pays.
Le Conseil de sécurité de l'ONU exige que Damas cesse immédiatement d'utiliser des armes lourdes et qu'il retire ses forces des villes, conformément au plan Annan.
Que fait la diplomatie ? La Russie et la Chine, qui opposent leur veto au vote d'une résolution depuis des mois, montrent toujours un soutien sans faille. Si Moscou s'est jointe à ses 14 partenaires pour condamner la tuerie de Houla, elle a cependant avancé que les "deux parties", régime et rebelles, étaient impliquées dans le massacre. "Nous ne soutenons pas le gouvernement syrien. Nous soutenons le plan de Kofi Annan", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, soulignant qu'il était plus important de "mettre fin à la violence" que de "se préoccuper de qui est au pouvoir en Syrie".
La Russie semble jouer la montre. Un accord serait en effet en passe d'être signé avec Damas afin d'intégrer l'allié syrien de toujours à une zone de libre échange. "Un éventuel accord sur la création d'une zone de libre-échange entre l'Union douanière et la Syrie pourrait être intéressant pour (…) le développement des échanges commerciaux russo-syriens", a souligné le vice-Premier ministre russe Alexandre Khloponine, vendredi après une rencontre avec le ministre syrien des Finances Mohammed Al-Jlailati, rapporte Ria Novosti.
Quant à la Chine, l'autre allié sans faille, elle s'est contentée de condamner "fermement" le massacre de Houla. Pékin a également demandé "une enquête immédiate".
En France, la diplomatie s'accélère légèrement. Le président Hollande a annoncé mardi l'expulsion de l'ambassadrice de Syrie en France. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a lui estimé que le massacre "épouvantable" de Houla pouvait "avoir comme conséquence que des pays jusque-là réticents évoluent".
Où en est l’opposition ? Elle continue de résister à l'oppression mais commence à monter le ton face aux occidentaux. "Le Conseil de sécurité a publié une déclaration non contraignante au moment où des enfants étaient massacrés au vu et au su du monde entier (...) ceci est un acte de complaisance honteux", a déploré lundi le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition. "Les choses sont devenues tellement dangereuses qu'il n'est plus possible de se taire", martèle le CNS. "Se contenter d'appeler (à la fin des violences), c'est être complice des assassins". Le CNS réclame donc "des moyens efficaces d'autodéfense".
De son côté, l'armée syrienne libre (ASL) prévient qu'elle ne sera plus liée au plan Annan si l'ONU n'intervient pas rapidement.