En Europe, les courants autonomistes ont le vent en poupe. Et la Belgique ne fait pas exception. Le parti flamand N-VA (Nouvelle alliance flamande) de Bart de Wever espère bien remporter une victoire symbolique à Anvers lors des élections communales de dimanche. Les indépendantistes projettent de s'ancrer localement lors de ce scrutin qui constitue un vrai test national pour le gouvernement socialiste d'Elio Di Rupo.
• Le scrutin. Quelque 7,8 millions d'électeurs belges, 120.000 ressortissants de l'UE et 20.000 étrangers extra-communautaires doivent renouveler leurs représentants dans les 589 communes et 10 provinces du royaume, lors d'un scrutin à la proportionnelle à un tour. Les premiers résultats sont attendus dimanche en début de soirée.
• Sa ville symbolique. Dans la plupart des villes et communes les enjeux sont purement locaux. Mais le parti indépendantiste flamand N-VA de la la région néerlandophone du nord du pays, espère réaliser une belle percée dans cette ville d'Anvers, tenue par le PS depuis 1932. L'actuel bourgmestre, Patrick Jassens pourrait perdre son poste au profit du leader nationaliste Bart de Wever, en tête dans les sondages. L'actuel premier magistrat avait déjà réussi à sauver son siège en 2006 face au Vlaams Belang, le parti d'extrême droite belge, dans une ville où un tiers de la population est d'origine étrangère, précise La Croix.
Cette ville reste l'une des plus prospères économiquement de Belgique : un chômage inférieur à 7%, de solides industries, le fameux commerce du diamant ainsi que le deuxième port d'Europe.
• Sa figure. Bart de Wever, ancien publicitaire, a lancé le N-VA en 2001, dont il devient le président en 2004. Ce catholique, qui aime la bière et les frites, s'est fait connaître par une opération de communication qui a fait le tour de la Belgique : en 2007, il remplit des camionnettes de faux billets pour montrer l'importance "des transferts de Flandre vers la Wallonie", la région plus pauvre. Cet indépendantiste, qui a amené le N-VA en tête des législatives en 2010, est aujourd'hui connu pour son régime draconien, dont la presse locale fait ses choux gras. Dans un livre qu'il a publié récemment, il confie ses petites astuces qui lui ont permis de passer de 143 kg à 83 kg. Un de ses opposants politiques a détourné une vidéo mise en ligne par Bart de Waver lui-même où il présente sa nouvelle hygiène de vie :
Sans mauvais jeu de mots, Bart De Wever sait qu'il joue gros dimanche. "Si nous ne réalisons pas un résultat retentissant, l'idée qu'une défaite approche prendra rapidement forme", a-t-il affirmé solennellement, soulignant que pour lui, ce serait "la victoire ou la mort". Estimant la Flandre "proche d'une révolte démocratique", il fustige l'"échec" de la politique d'immigration et les "dérapages budgétaires" du gouvernement fédéral dirigé par le socialiste francophone Elio Di Rupo.
• Ses opposants. Les trois partis flamands "traditionnels" (les chrétiens-démocrates du CD&V, les libéraux de l'Open VLD et les socialistes du SPA), qui soutiennent l'actuel coalition gouvernementale pour sortir le pays de la crise politique, espèrent limiter les dégâts. En Wallonie, le Parti socialiste pourrait payer les mesures d'austérité du gouvernement Di Rupo, mais devrait néanmoins conserver les grandes villes comme Liège et Charleroi. Les francophones auront eux aussi le regard tourné vers Anvers. Car un triomphe de la N-VA risque de déclencher un vent de panique au sein des partis flamands de la coalition et pousser ces derniers à réclamer toujours plus d'autonomie pour la Flandre.
Ce scénario menacerait les deux dernières années du gouvernement Di Rupo. Celui-ci tente, avec ses alliés, de convaincre les Flamands que son programme de réformes modérées, accordant une autonomie plus grande aux régions tout en maintenant l'unité du royaume, est préférable aux projets plus radicaux de Bart De Wever.