Pendant que les caméras étaient braquées sur New York, un autre drame se jouait à quelques milliers de kilomètres. Le passage de l’ouragan Sandy au large d’Haïti a provoqué la mort de plus de 50 personnes dans le pays et causé des dégâts considérables. C’est le département de l’Ouest, où se situe la capitale Port-au-Prince, qui a été le plus affecté. Des maisons se sont effondrées sur leurs habitants et des campements de fortune, qui abritent encore 370.000 rescapés du séisme de 2010, ont été sévèrement touchés, indique le Washington Post.
Pas moins de 18.000 familles se retrouvent sans-abris, selon les autorités. "C’est comme si personne ne savait que nous existons", dénonce un survivant du séisme interviewé par l’ONG Let Haïti Live, dans l’un de ces camps.
Des images filmées par une ONG témoignent de la misère dans un camp de rescapés :
86 cas de choléra
Haïti n’a pas été touché directement par Sandy mais a été balayé par les pluies diluviennes de l’ouragan, qui ont causé des inondations. Ce qui laisse craindre une aggravation de l’épidémie de choléra qui a déjà tué environ 7.400 personnes depuis octobre 2010. Dans les seuls camps de réfugiés de la capitale, 86 nouveaux cas de choléra ont déjà été recensés depuis le passage de l’ouragan.
L’économie haïtienne a aussi payé un lourd tribut à l’ouragan Sandy. Outre les routes coupées et les ponts effondrés, qui rendent inaccessible plusieurs villes, l’agriculture a aussi été sévèrement touchée. Dans le sud du pays, 70% des récoltes ont ainsi été détruites et de lourdes pertes de bétail ont aussi été enregistrées.
"La famine va arriver"
Conséquence : le prix des denrées alimentaires risque d’augmenter. "Une grande partie des récoltes agricoles laissées intactes après l’ouragan Isaac [en août] ont été détruites par Sandy", a déploré le Premier ministre, Laurent Lamothe, pour qui la "sécurité alimentaire va devenir un problème".
De nombreux bananiers et arbres à pain, qui produisent des aliments de base consommés par les Haïtiens, ont été détruits par Sandy. Dans la ville d’Abricots, au sud du pays, le maire, Kechner Toussaint, déplore un "désastre agricole" et prévient : "la famine va arriver dans les prochains jours".
Haïti devrait lancer bientôt un appel à l’aide internationale, souligne le Guardian. Il y a urgence : ces deux dernières années, le soutien financier aux programmes humanitaires de l’ONU dans le pays a chuté de 96%.
>> Dans sa chronique "Deux minutes net", Guy Birenbaum note mercredi que les internautes ont vivement réagi à la différence de traitement dans les médias entre les États-Unis et Haïti :