Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a diffusé mardi une vidéo contenant des messages des quatre Français qu'il a enlevés au Niger il y a sept mois suppliant le président Nicolas Sarkozy de retirer les troupes françaises d'Afghanistan, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE). La vidéo, d'une durée de 3 minutes et 36 secondes, montre successivement des photos de Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Furrer avec des hommes en armes derrière eux.
"Nous supplions le président de la République"
Les quatre otages se présentent successivement l'un après l'autre et prononcent le même texte à quelques mots près : "nous supplions le président de la République française Nicolas Sarkozy de répondre favorablement à la demande d'Al-Qaïda de retirer les troupes françaises d'Afghanistan. Parce que les Français n'ont vraiment aucun intérêt dans la guerre en Afghanistan". On y voit les otages assis ou agenouillés, les ravisseurs se tenant derrière eux, une arme automatique à la main. Les enregistrements datent selon ce qu'affirment les otages en se présentant des 11, 12 ou 13 avril.
On y voit les otages se présenter les uns après les autres :
La France a aussitôt réagi en indiquant qu'elle ne se ferait pas "dicter sa politique" par des "preneurs d'otages". "La première tâche, c'est d'expertiser cette vidéo, notamment de s'assurer que c'est bien une vidéo qui témoigne du fait que nos otages sont en vie", a déclaré mercredi matin le ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez. Le porte-parole du gouvernement François Baroin a confirmé dans la journée que la France ne se ferait pas "dicter sa politique étrangère sous quelque forme que ce soit", mais restait déterminée "dans la façon dont nous pouvons libérer les otages".
Un "signe de vie" pour le quai d'Orsay
Le quai d'Orsay s'est lui félicité de ce "signe de vie". "Recevoir des nouvelles de nos compatriotes qui sont retenus en otages au Sahel depuis plusieurs mois est une chose positive", a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ajoutant que le quai d'Orsay avait été en contact avec les familles des otages dès ce matin, elles aussi "heureuses" de ce signe de vie.
La vidéo est actuellement en cours d'analyse. "Il faut vérifier les sons, trouver toute indication possible sur les dates", précise le porte-parole. Si on va jusqu'au bout de la vidéo, il y a un détail troublant dans le générique. Les auteurs indiquent que le montage final de la vidéo remonte au 24 avril, soit une dizaine de jours après le dernier témoignage. C'est ce décalage de date que le quai d'Orsay est en train de vérifier et qui pourrait confirmer que les otages sont retenus à des endroits différents.
Le 24 février, trois des otages (une Française, un Togolais et un Malgache) avaient été relâchés près du point de jonction des frontières de l'Algérie, du Mali et du Niger. Une source malienne proche du dossier avait indiqué la semaine dernière qu'un groupe de médiateurs était actuellement dans le fief des ravisseurs dans un pays du Sahel non désigné, pour un nouveau round de négociations.