L'INFO. L'Arabie saoudite a adopté lundi dernier une loi rendant illégale la maltraitance – qu'elle soit physique, psychologique ou sexuelle. Une petite révolution dans le royaume où peu de cas est fait de la condition des femmes et où la maltraitance conjugale est souvent considérée comme "une affaire privée".
Peines de prison et amende. Un comportement violent expose désormais son auteur à une peine de prison allant de un mois à un an, peut-on lire dans la Saudi Gazette. Une amende de 50,000 Riyals saoudiens (environ 10.000 euros) est également prévue. Un dispositif d'accompagnement est également prévu pour les victimes.
"Certaines choses ne peuvent être cachées". En avril dernier, une campagne contre les violences faites aux femmes avait déjà mis en pleine lumière le phénomène : "certaines choses ne peuvent être cachées" pouvait-on lire en arabe sur la photo d'une femme dont le voile laissait distinctement voir un œil au beurre noir. La campagne, présentée comme une première dans un pays où les femmes ne peuvent quitter la maison sans la permission de leur mari, avait eu un écho retentissant sur les réseaux sociaux. “Le phénomène des femmes battues en Arabie saoudite est plus grand qu'il n'y parait", pouvait-on notamment lire dans l'argumentaire de la campagne.
إعلان #وماخفي_كان_أعظم لحملة مؤسسة الملك خالد الخيرية حول العنف ضد المرأةفكرة الاعلان مبتكرة.. وحملة انسانية راقية. pic.twitter.com/iFQ4LlWeX8— سعود العصفور (@SaudAlasfoor) April 19, 2013
Des témoignages dramatiques. Si la question des violences faites aux femmes reste taboue en Arabie Saoudite, plusieurs femmes ont brisé le silence ces dernières années. En 2011, les images d'une jeune Saoudienne de 26 ans sévèrement battue par son mari avaient été très médiatisées dans le pays. Le témoignage de la présentatrice télé Rania al-Baz avait également créé une onde de choc quelques années plus tôt, en 2004. Laissée inconsciente par son mari, elle avait été retrouvée avec 13 fractures au visage. "Je veux attirer l'attention sur l'enfer que vivent les femmes en Arabie Saoudite ", avait-elle expliqué aux médias. Si la loi avait existait à l'époque, son mari aurait pu être poursuivi.