Arménie : le double discours de Sarkozy

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avec Catherine Boullay , modifié à
Demandant à la Turquie de reconnaître le génocide, il laisse les Arméniens de France sceptiques.

En tournée diplomatie dans le Caucase, Nicolas Sarkozy était jeudi à Erevan, la capitale de l’Arménie. Le président de la République a profité de son séjour pour appeler la Turquie à faire un geste en direction de l’Arménie en reconnaissant le "génocide arménien" dans un délai "assez bref", avant la fin de son mandat en mai 2012.

"La Turquie, qui est un grand pays, s'honorerait à revisiter son histoire comme d'autres grands pays dans le monde l'ont fait, l'Allemagne, la France. On est toujours plus fort quand on regarde son histoire et le négationnisme n'est pas acceptable", a déclaré Nicolas Sarkozy après avoir rendu hommage, avec son homologue arménien Serge Sarkissian, aux centaines de milliers de victimes du massacre ottoman perpétré en 1915 et 1916 en Turquie.

"Que le président de la République aille au bout de sa logique"

Cette déclaration, si elle satisfait Erevan, laisse la communauté arménienne de France beaucoup plus sceptique : en attendant un hypothétique geste de la Turquie, elle souhaiterait que la France passe elle-même aux actes.

"Nicolas Sarkozy va en Arménie, très bien, on n’est pas dupe : ce que nous voulons, c’est que le président de la République aille au bout de sa logique", a réagi jeudi soir Franck Papazian, président du Conseil des coordinations des organisations arméniennes de France.

Avant son élection en 2007, le candidat Sarkozy avait en effet promis de soutenir le vote d'un texte de loi spécifique réprimant la négation du "génocide" de 1915. Mais quatre ans plus tard, ce texte n’a toujours pas été adopté.

Une "opération de charme" à quelques mois de l’élection ?

"Oui, le génocide arménien a été reconnu par la loi, mais lorsque la loi est violée, on ne peut pas sanctionner ceux qui nient la réalité de ce génocide arménien", a regretté Franck Papazian, avant d’ajouter : "la seule raison est qu’on ne veut pas avoir de problème avec le gouvernement turc qui pourtant, depuis près d’un siècle, nie la réalité du génocide arménien".

Cette nouvelle déclaration de Nicolas Sarkozy revêt donc aux yeux de Franck Papazian une dimension électoraliste. "Je crains qu’il y ait une dimension ‘opération de charme’ en direction de la communauté arménienne de France", a-t-il réagi.

"Les Arméniens ont cru en 2007 à la promesse du candidat Sarkozy, je demande qu’il respecte sa promesse, son engagement", a-t-il répété avant de, lui aussi, parler élections : "nous représentons 500.000 électeurs".