#L’ESSENTIEL
- Les experts onusiens se sont rendus sur l'un des sites d'une attaque chimique présumée, après s'être fait tirer dessus par des snipers.
- Une réaction occidentale "va être arbitrée dans les jours qui viennent", a annoncé Laurent Fabius sur Europe 1.
- Selon Bachar al-Assad, les projets militaires américains en Syrie sont "voués à l'échec".
- Londres envisage une réaction même en l'absence de position unanime du Conseil de sécurité de l'ONU.
- John Kerry, le secrétaire d’État américain, estime que les responsables doivent répondre de leurs actes.
#SUR LE TERRAIN
• Les enquêteurs sur l'un des site d'une attaque. Les enquêteurs de l'ONU se sont rendus lundi sur le site d'une attaque chimique présumée, près de Damas. Leur visite a duré près de trois heures. Les experts des Nation unies ont rencontré des médecins et des victimes présumées et on recueilli des échantillons. Alors qu'ils se rendaient sur place, ils ont été pris pour cible par des tireurs embusqués. Le régime a aussitôt accusé les rebelles d'avoir tiré. L'opposition, elle, a assuré que le régime avait tiré sur les expert pour les "intimider".
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• Une enquête… pour rien ? Lundi, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, avait donné "priorité absolue" à l'enquête. Mais la communauté internationale reste sceptique sur la portée de cette enquête. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague a affirmé que les preuves d’une attaque chimique "pourraient avoir été détruites". "D'autres preuves peuvent avoir été endommagées au cours des derniers jours et d'autres peuvent avoir été trafiquées", a affirmé William Hague, déjà lucide sur que "l’équipe de l’ONU peut obtenir".
Pour un responsable américain, le feu vert de Damas arrive "trop tard pour être crédible, notamment parce que les preuves disponibles ont été largement altérées par les bombardements continus menés par le régime et d'autres actes délibérés ces cinq derniers jours".
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• Une action militaire ? Sur la nature de la réponse occidentale au régime syrien, tout s’est accéléré ces dernières heures. Si la présence militaire américaine s’est accrue ce week-end en Méditerranée, la Maison-Blanche a démenti des informations du quotidien britannique The Telegraph affirmant que Washington et Londres s'apprêtaient à lancer une action militaire commune "dans les prochains jours". "Le président (Obama) n'a pas décidé d'engager une action militaire", a assuré un responsable de la présidence américaine. Toutefois, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a assuré que les forces américaines étaient prêtes à agir contre le régime syrien si nécessaire. "Nous avons préparé toutes les options (si Barack Obama) décidait de choisir l'une d'elles", a-t-il assuré.
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• Des victimes de gaz toxique ? Médecins sans frontières a fait état samedi de 3.600 patients "présentant des symptômes neurotoxiques" arrivés en moins de 3 heures mercredi matin dans trois hôpitaux de la région de Damas, dont 355 décédés, sans pouvoir "confirmer scientifiquement la cause de ces symptômes". Se basant sur des rapports médicaux, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a comptabilisé plus de 300 morts par gaz toxique, dont des dizaines de rebelles.
• Un gouverneur assassiné. Le gouverneur de la province de Hama, dans le centre du pays, a été assassiné dimanche dans un attentat à la voiture piégée, ont annoncé les médias officiels en imputant l'attaque aux rebelles. Il avait été nommé en juillet 2012 pour reprendre en main la zone après des manifestations massives contre le régime.
#LA DIPLOMATIE
• Que dit la Syrie ? Le président Bachar al-Assad a qualifié d'"insensées" les accusations occidentales sur l'attaque chimique perpétrée par son régime et a prévenu les États-Unis que leur projets d'intervention militaire en Syrie étaient voués à l'"échec" dans une interview au quotidien russe Izvestia. "Les déclarations faites par des hommes politiques aux États-Unis et en Occident sont une insulte au bon sens", a-t-il déclaré. "Les États-Unis essuieront un échec comme lors de toutes les guerres précédentes qu'ils ont lancées à commencer par le Vietnam" s'ils décident de mener une opération militaire en Syrie, a-t-il ajouté.
• Les partisans d’une réponse ferme à Damas. En coulisses, les occidentaux s’activent. Le chef de l’État François Hollande a déclaré au président américain Barack Obama que "tout concordait pour désigner le régime de Damas", tandis que son Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dénoncé un "crime contre l'humanité". Pour Laurent Fabius, "toutes les options sont ouvertes" en Syrie et une décision sera prise "dans les jours qui viennent" quant à la réponse à apporter à l'attaque chimique présumée près de Damas, a-t-il affirmé lundi sur Europe 1.
Aux États-Unis, Barack Obama semblait en effet se rapprocher d'une possible action militaire limitée en Syrie. Il a mené samedi des consultations au plus haut niveau à la Maison-Blanche et s'est entretenu en particulier avec son allié britannique, le Premier ministre David Cameron. Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense, a prévu que les États-Unis n'interviendrait que dans un cadre légal et de concert avec la communauté internationale. Un haut responsable américain a par ailleurs évoqué des "signes forts pointant en direction de l'utilisation d'armes chimiques". Et John Kerry, secrétaire d’État, a estimé que le recours aux armes chimiques était "moralement indécent" et que les responsables devaient répondre de leurs actes. L'attaque chimique de 21 août devrait "heurter la conscience du monde", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement britannique a décidé lundi d'écourter ses vacances "en raison de la situation en Syrie". Le locataire du 10, Downing Street, présidera une réunion du Conseil de sécurité nationale. Il s'est entretenu aussi avec François Hollande et Angela Merkel. Lundi, le chef de la diplomatie britannique William Hague a estimé lundi qu'il était "possible" de répondre à l'usage d'armes chimiques en Syrie "sans unité complète au Conseil de sécurité de l'ONU".
• Les alliés de Damas. La Russie, puissante alliée de Damas, a appelé la communauté internationale et l'opposition syrienne à laisser les experts faire leur travail pour éviter une répétition de l'"aventure" américaine en Irak. Pour Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, les Occidentaux accusent Damas sans avoir de "preuves". Intervenir en Syrie sans l'accord de l'ONU serait "une grossière violation" du droit", a-t-il aussi prévenu, jugeant ce terrain "glissant et dangereux" et assénant : la Russie "n'entrera pas en guerre" dans le cas d'une intervention militaire occidentale en Syrie. Lors d'un entretien téléphonique avec David Cameron, le président russe Vladimir Poutine a assuré qu'il n'y avait toujours pas de "preuves ni de l'utilisation d'armes chimiques ni de qui en serait responsable".
De son côté, l'Iran, allié du régime syrien et bête noire de Washington, a une nouvelle fois menacé les États-Unis de "dures conséquences" en cas d'intervention.