Le président syrien Bachar al-Assad, dont le régime est contesté depuis plus de trois mois, a appelé lundi à un "dialogue national" qui pourrait aboutir à une nouvelle Constitution, dans un discours à l'Université de Damas retransmis par la télévision d'Etat. Il a également déclaré que des élections devraient avoir lieu en août et qu'un programme de réformes devrait être élaboré d'ici le mois de septembre.
"On peut dire que le dialogue national est le slogan de la prochaine étape", a déclaré le président. Ce dialogue, pourrait aboutir, selon le président syrien "à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution", a-t-il ajouté. Une commission va être créée pour réfléchir à une réforme de la Constitution et de formuler des propositions dans un délai d'un mois.
"Pas d'atermoiements" dans les réformes
Le président syrien a défendu le "processus de réformes" qui serait en cours et assuré qu'il n'y avait pas d"atermoiements". En avril dernier, il avait promulgué des décrets levant l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans, abolissant la Cour de sûreté de l'Etat, une juridiction d'exception, et changeant la réglementation sur les manifestations. Mais la répression a continué de plus belle en Syrie et le pouvoir a envoyé ces derniers mois ses troupes et ses chars dans de nombreuses villes pour réprimer les contestataires, arguant que leur intervention avait été dictée par la présence de "terroristes armés qui sèment le chaos", sans vouloir reconnaître explicitement l'ampleur de la contestation.
Un "complot" contre la Syrie
Dans ce discours, attendu depuis longtemps, Bachar al-Assad a également assuré qu'il n'y aurait pas de réformes "dans le chaos" et parlé de nouveau d'un "complot" contre son pays. "Ce qui se passe aujourd'hui de la part de certains n'a rien à voir avec les réformes ou le développement, il s'agit de sabotage", a-t-il assuré. "Il y a certainement un complot" contre la Syrie, a poursuivi le président syrien, accueilli dans la salle par des slogans à sa gloire et des applaudissements.
La Syrie se trouve à un "tournant" après des "jours difficiles", a jugé le président syrien, présentant ses "condoléances aux familles des martyrs". "Nous nous retrouvons aujourd'hui à un tournant dans l'histoire de notre pays", a-t-il déclaré.
Les opposants, les militants pro-démocratie et les manifestants syriens réclament aujourd'hui la chute du régime, des élections libres et l'annulation de la suprématie du parti Baas qui gouverne le pays depuis plus de 40 ans, après avoir jugé tardives et insuffisantes des précédentes annonces de réformes.
L'Union européenne sceptique
Nonobstant ce discours, l'Union européenne s'est dit prête lundi à renforcer ses sanctions contre la Syrie, jugeant que la crédibilité du président Bachar al-Assad dépend des réformes promises, selon le projet de déclaration que doivent entériner lundi ses ministres des affaires étrangères.