Bachar el-Assad est resté ferme face à Kofi Annan, émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe, qu'il recevait samedi à Damas. Pour le président syrien, il ne peut y avoir d'issue politique tant que des bandes "terroristes" continueront de "semer le chaos et l'instabilité" dans le pays.
Bachar el-Assad a néanmoins assuré à Kofi Annan que "la Syrie est disposée à faire réussir tout effort sincère en vue d'une solution des événements", d'après l'agence officielle de presse Sana. La télévision d'Etat syrienne transmettait d'ailleurs que la rencontre se déroulait dans une "ambiance positive".
L'émissaire de l'ONU a fait "plusieurs propositions" au président syrien pour mettre fin aux violences qui ont fait quelque 8.500 morts depuis un an, en majorité des civils tués dans la répression, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Ces propositions concernent "la fin de la violence, un accès pour l'aide humanitaire et le Comité international de la Croix-Rouge, la libération de prisonniers et l'amorce d'un dialogue politique qui ne laisse personne de côté".
La répression continue
La venue de Kofi Annan n'a cependant pas conduit l'armée syrienne à ralentir sa répression. En effet, l'armée a pris d'assaut la ville rebelle d'Idleb, faisant 62 morts. 72 personnes avaient déjà été tuées vendredi alors que les militaires étendaient leur contrôle sur Homs.
Kofi Annan a fait part de sa "profonde préoccupation" à Bachar el-Assad, avant une nouvelle réunion dimanche. Il doit en outre rencontrer des responsables gouvernementaux et de la "société civile", avant de quitter Damas. Il se rendra ensuite dans d'autres pays de la région, dont le Qatar, pour rencontrer "des dirigeants de l'opposition hors de Syrie".
Le diplomate ghanéen avait appelé jeudi à l'ouverture d'un dialogue entre le régime d'el-Assad et l'opposition, mais les opposants ont rétorqué que cela reviendrait à donner du temps aux forces gouvernementales pour les écraser. "Nous ferons tout notre possible pour appeler et pousser à la cessation des hostilités et à la fin du bain de sang et de la violence", a-t-il dit. "J'espère que personne ne songe sérieusement à recourir à la force dans cette situation. Je crois qu'accroître la militarisation ne ferait qu'aggraver la situation."
Par ailleurs, les ministres russe et arabes des Affaires étrangères ont appelé samedi au Caire à la fin de la violence en Syrie "d'où qu'elle vienne", à l'issue d'une réunion destinée à trouver un terrain d'entente sur la crise. Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie a déjà bloqué, comme la Chine, deux résolutions condamnant la répression menée par le régime de Bachar el-Assad.
Rien n'est joué pour l'instant. Preuve en est la mise en garde du ministre de l'Information envers les reporters clandestins. Les tenant pour légalement responsables, ce dernier a prévenu samedi qu'il prendrait les "mesures nécessaires" à l'encontre des médias concernés.