Julian Assange comparaît depuis lundi matin devant la justice britannique, qui doit se prononcer sur son extradition en Suède. Les autorités suédoises veulent interroger le fondateur de WikiLeaks dans le cadre d’une enquête pour agression sexuelle et viol présumés.
"En détention à Guantanamo"
Mais pour ses avocats, une fois en Suède, Julian Assange pourrait ensuite être extradé vers les Etats-Unis, où il risquerait la peine de mort pour avoir diffusé sur son site internet des milliers de notes confidentielles du département d'Etat et plongé la diplomatie américaine dans l'embarras.
Pire, ses avocats affirment qu'"il y a risque réel, s'il est extradé en Suède, que les Etats-Unis demandent son extradition et/ou son transfert illégal aux USA, où il pourrait être placé en détention à Guantanamo", disent-ils dans un document de 74 pages. Il risquerait également, selon eux, de subir de mauvais traitements, voire d'être victime de torture, des pratiques condamnées par la Convention européenne des droits de l'Homme.
Le huis clos en cause
Geoffrey Robertson, l'un des avocats d'Assange, a aussi déclaré au juge Howard Riddle que son client ne pourrait pas avoir de procès équitable en Suède car les affaires de viol y sont jugées à huis clos. "On ne peut pas avoir de procès juste quand la presse et le public sont tenus à l'écart (...) Il y a un risque évident de violation des droits fondamentaux de mon client", a-t-il dit. A Stockholm, des responsables suédois ont confirmé que les procès pour viol se tenaient généralement à huis clos.
"Depuis cinq mois et demi, nous sommes dans une situation où ma vie a été confinée dans une boîte noire à l'extérieur de laquelle le mot "viol" a été inscrit. Mais, grâce à un processus judiciaire transparent, nous sommes en train d'ouvrir cette boîte", a-t-il dit à l'issue de la première journée d'audience.
Pour le parquet, Clare Montgomery a répliqué que rien ne laissait supposer qu'Assange serait un jour remis aux Américains et que de toute façon l'accord de la Grande-Bretagne serait indispensable à une telle mesure. Elle a en outre souligné que la justice suédoise réclamait Assange dans un premier temps pour l'entendre et qu'elle n'avait pas encore décidé s'il fallait ou non le poursuivre. La justice suédoise veut qu'Assange lui soit livré aux termes d'un mandat d'arrêt européen, une procédure introduite en 2004 pour faciliter et accélérer les extraditions entre pays membres de l'Union européenne. Si l'issue des débats lui est défavorable, il pourra faire appel et la bataille juridique pourrait durer des mois.