Nicolas Sarkozy en avait fait l'une des ses promesses de campagne : rompre avec la Françafrique. Mercredi matin, dès son arrivée à Franceville, au Gabon, le chef de l’Etat s’est pourtant incliné devant la tombe d’Omar Bongo. "Papa Bongo", décédé l’an dernier après 42 ans de règne sans partage, et symbole des relations si particulières entre la France et ses anciennes colonies africaines.
Et c’est Ali Bongo qui a succédé à son père, avec l’appui de la France. Le nouveau président gabonais est d’ailleurs particulièrement choyé par l’Elysée. C’est la troisième fois en six mois qu’il voit Nicolas Sarkozy. A Libreville, le président français pourra voir son portrait affiché à côté de celui de son homologue, placardés tous les 20 mètres, avec ce mot en lettre capitale : Amitié.
"Rien n’a changé"
Tout a été nettoyé, balayé, astiqué et repeint, sur le parcours présidentiel. Ce qui fait dire à Marc Ona, l’un des représentants de la Société civile, une plate-forme associative, que rien n’a changé entre l’ancienne colonie et sa métropole. "C’est ce qu’on appelle le complexe du colonisé. Parce que Sarkozy doit arriver, il faut mettre la peinture. C’est de cette manière qu’Eyadema, Houphouët-Boigny, Senghor, se comportaient quand De Gaulle arrivait en Afrique. Rien n’a changé", déplore-t-il.
Les Gabonais, eux, sont de plus en plus méfiants. Ils n’ont pas oublié les propos de Robert Bourgi, le conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy, qui avait ouvertement laissé entendre que la France soutenait Ali Bongo. L’homme est d’ailleurs du voyage.
De son côté, Paris a de gros intérêts à préserver au Gabon. Il y a le bois, le manganèse, le pétrole géré par Total, et le groupe Bolloré qui s’intéresse de prêt au port de Libreville. Libreville où Nicolas Sarkozy souhaite positionner la seule base militaire française en Afrique de l’Ouest.