L’émission. Après la musique, le sexe et la cuisine, la téléréalité investit un nouveau champ : celui de la politique. Au Liban, la chaîne Al-Jadeed a lancé l’émission Al-Zaïm ("Le patron"), qui a permis aux téléspectateurs de voter pour le ou la candidate qu’ils souhaitent voir se présenter aux élections législatives de juin. C’est la jeune Maya Terro qui a remporté le plus de voix du public. La chaîne financera donc sa campagne, ainsi que celle de… son co-finaliste. Mais la véritable star de l’émission, c’est peut-être Myriam Klink, la "Nabilla" locale, qui a jeté l’éponge au bout d’un mois. Portraits de la possible nouvelle garde politique libanaise.
Maya Terro, la gagnante. Du haut de ses 27 ans, Maya Terro était la benjamine de ce programme adoubé par le président libanais Michel Suleiman, présent lors du premier numéro, note Lemonde.fr. Cela ne l’a pas empêchée de remporter les suffrages auprès des téléspectateurs, devant quatorze autres candidats.
Étudiante bardée de diplômes mais sans la moindre expérience politique, elle est rapidement devenue la favorite. La jeune femme a notamment à son actif la création d’une association d’aide alimentaire au Liban. Son slogan : "changement, changement", lui a valu les applaudissements du jury, composé de quatre journalistes censés représenter diverses tendances de la vie politique libanaise.
Nicola Al-Harouni, un perdant gagnant. En finale face à Maya Terro, Nicola Al-Harouni traînait derrière lui un parfum légèrement sulfureux en raison de son passé présumé dans les Forces Libanaises, un parti chrétien impliqué dans la longue guerre civile libanaise.
Son slogan était aussi un peu moins vendeur : "Équilibre et égalité pour construire le pays et le citoyen". Le jury a salué son "charisme" et son "assurance", et, dans un ultime rebondissement, le président de la chaîne a annoncé son intention de financer également sa campagne, selon le site aawsat.net.
Myriam Klink, la "Nabilla" libanaise. Qui dit téléréalité dit forcément candidat controversé. Al-Zaïm n’a pas échappé à la règle, en sélectionnant la bimbo Myriam Klink. Avec sa crinière blonde, ses talons aiguilles et ses lèvres botoxées, elle était la touche "people" de l’émission. Sa présence parmi les candidats a valu des critiques acerbes aux producteurs de l’émission. Lors d’un épisode tourné à Tripoli, des salafistes ont chassé toute l’équipe, allant jusqu’à lancer une grenade aux pieds de la "Nabilla" du Liban, qui a fini par se retirer de l’émission. Non sans promettre de poursuivre sa carrière politique. Elle a d’ailleurs sorti un clip, "Klink Revolution", dans lequel elle se trémousse en chantant : "Moi je suis la Klink et je veux parler de ce qui se passe au Liban".
Le clip de Myriam Klink :
Des expériences ailleurs. Ce n’est pas la première fois que la téléréalité s’essaie à la politique. La chaîne Maan a lancé récemment l’émission Al Raïs ("le président"), tournée à Ramallah, pour sélectionner de nouveaux leaders politiques palestiniens, indique Le Point. Entre 2006 et 2008, l’émission "Canada’s next great Prime minister" avait fait un carton non seulement au Canada, mais elle avait aussi été exportée en Allemagne. En revanche, dans l’Hexagone, le concept, proposé par Marc-Olivier Fogiel en 2012, avait fait un four : diffusée sur France 4, l’émission "Qui veut devenir président ?" n’avait récolté que 0,7% de parts de marché.
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