Panique au Mexique. En raison de la grippe aviaire, qui a conduit à l’abattage de près de 11 millions de poules, le pays fait face à une pénurie d’oeufs. Or, les Mexicains en sont les plus gros consommateurs au monde. A Mexico, les files d’attente se forment devant les magasins, alors qu’au nord du pays, pays nombreux sont ceux qui traversent la frontière pour s'en procurer dans les supermarchés américains voisins.
Le gouvernement a pris des mesures d'urgence, notamment la baisse des tarifs douaniers et l'importation de 906 tonnes d'oeufs des Etats-Unis depuis le début de la crise, le mois dernier. Des cargaisons sont aussi attendues en provenance du Costa Rica, de Colombie et du Chili. Certains magasins mexicains ont limité les ventes à deux boîtes par personnes. Mais dans la plupart des supermarchés, le prix du kilo a doublé pour passer de 20 pesos (1,20 euro) à 40 pesos (2,40 euros). Il a parfois même triplé.
Entre 350 et 400 œufs par an et par personne
Un Mexicain mange en moyenne 22,4 kilos d'oeufs par an, selon l'Union professionnelle des éleveurs de volaille, soit 350 à 400 "huevos" par an et par personne. "C'est un aliment de première nécessité", explique Padilla Ramirez, une grand-mère de 53 ans qui vient d'acheter une boite de 30 oeufs à un stand mobile de distribution monté par les autorités à Coyocan, au sud de la ville de Mexico. "Nous mangeons des oeufs parce que la viande est très chère".
Les oeufs sont une source bon marché de protéines dans ce pays où près de la moitié de la population de 112 millions de personnes vit sous le seuil de pauvreté. "C'est une crise psychologique pour les maîtresses de maison parce que nous ne pouvons pas donner à manger à nos enfants", dit Padilla, tandis que des dizaines de personnes font la queue pour obtenir leur carton de deux kilos d'oeufs.
"Changez de nourriture"
Pour les Mexicains résidant dans les zones frontalières des Etats-Unis, le ministère de l'Agriculture a autorisé un passage de la frontière avec des oeufs achetés dans les magasins américains.
L'Agence de la consommation incite les Mexicains à chercher d'autres sources de protéines, comme le thon, dans le cadre d'un programme intitulé "Vous avez choisi de manger bien". Le ministre de l'Economie, Bruno Ferrari, y voit aussi un moyen de combattre la spéculation. "Je recommande que durant cette période instable, le consommateur jour son rôle et ne permette pas ce genre d'abus. Ces jours-ci, changez votre nourriture, cherchez un autre type de protéine", a-t-il conseillé.