Une fête gâchée. Le Nigeria affronte la France en huitième de finale du Mondial, lundi à 18 heures. Une rencontre que les Nigérians, passionnés de football, s'apprêtent à suivre avec ferveur. Mais depuis le début de la Coupe du monde, Boko Haram gâche la fête. Le 18 juin, dans le Nord, une bombe a explosé au milieu d'une foule qui regardait le match Brésil-Mexique, faisant 21 morts. La semaine dernière, un autre attentat a frappé un centre commercial de la capitale Abuja, une heure avant le match Nigeria-Argentine. Bilan : 20 morts.
Dimanche, le groupe islamiste armé a encore revendiqué l'attaque de plusieurs églises dans le Nord-Est du pays. Et ses membres font peser une menace d'attentat sur les retransmissions de matches dans le pays. Lors de la Coupe d'Afrique des nations, l'année dernière, on se réunissait de façon très spontanée pour suivre les matches ensemble. Mais ces retransmissions publiques sont beaucoup moins fréquentes depuis que la menace Boko Haram trotte dans toutes les têtes.
Les centres de retransmission fermés. Ainsi, dans la ville de Jos, les quelque 400 "centres de visionnage" sont habituellement pleins à craquer les soirs de foot. Mais depuis deux semaines, ils sont fermés, sur ordre du gouvernement. Un sacré manque à gagner pour leurs propriétaires. "Ces centres de visionnage, ça permet de nourrir nos familles, de payer l'école pour nos enfants. Tout le monde vit avec ça", témoigne l'un d'eux au micro d'Europe 1. "Ce que le gouvernement ne comprend pas, c'est que si l'on ferme à cause de Boko Haram, alors c'est une victoire pour eux". Réunis en syndicat, les propriétaires des centres de visionnage espèrent faire lever l'interdiction avant le coup d'envoi de France-Nigeria.
Avec le foot, "tout le monde est uni et heureux". Il n'empêche : lundi soir, ce journaliste local interrogé par Europe 1 suivra la rencontre chez lui avec quelques amis, en sécurité, à son grand regret. Alors que tout le monde suit le Mondial au Nigeria, "poser des bombes dans les centres de visionnage du football, c'est complètement fou", s'insurge-t-il. "Dans ces centres, il n'y a ni chrétiens, ni musulmans, ni hommes, ni femmes. Tout le monde est uni et heureux. C'est triste que Boko Haram restreigne le mouvement".
"Donner de la chaleur au pays". Et au Brésil, les joueurs nigérians pensent-ils à cette situation tendue dans leur pays ? Le milieu de terrain John Obi Mikel a évoqué le sujet dimanche. Pour lui, les actions menées par Boko Haram, "c'est une tragédie, mais on est ici pour faire notre métier, on a un match à jouer, il faut continuer à vivre". Pour le joueur de Chelsea, "ce qui se passe au pays est très inquiétant mais cela ne doit pas nous affecter, on doit continuer de jouer pour donner de l'unité et de la chaleur au pays. On va continuer à le faire en espérant que le football unisse notre pays dans les régions où il y a des problèmes".
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