L'INFO. La contestation de la destitution de Mohamed Morsi ne faiblit pas en Egypte. Au moins 50 personnes ont été tuées dimanche dans des heurts entre manifestants partisans du président islamiste d'une part et des anti-Morsi et les forces de l'ordre d'autre part, selon un nouveau bilan officiel.
Cette nouvelle journée sanglante tombe alors que l'Egypte célèbre le 40e anniversaire de la guerre israélo-arabe de 1973. L'armée, qui réprime dans le sang depuis près de deux mois toute manifestation des pro-Morsi, avait déployé bien davantage de blindés que d'ordinaire au Caire. Dans le même temps, les anti-Morsi ont demandé aux Egyptiens de descendre massivement dans la rue pour soutenir les autorités actuellement au pouvoir.
Le bilan le plus lourd depuis août. Aucun policier ne figure parmi les morts, selon un responsable du ministère de l'Intérieur. Il s'agit du bilan le plus lourd depuis la semaine de répression sanglante qui avait débuté le 14 août quand soldats et policiers avaient dispersé par la force deux rassemblements pro-Morsi au Caire. Des centaines de manifestants islamistes avaient alors été tués. L'armée, qui réprime dans le sang depuis près de deux mois toute manifestation des pro-Morsi, avait déployé bien davantage de blindés que d'ordinaire dimanche au Caire.
Dimanche, au moins 45 personnes ont été tuées au Caire et cinq autres dans différentes villes au sud de la capitale, a détaillé Ahmed al-Ansari, haut responsable au ministère de la Santé, sans préciser qui avait péri, où et dans quelles circonstances. Selon lui, 268 autres ont été blessées.
Que s'est-il passé ? Comme chaque jour depuis sa destitution, les pro-Morsi avaient appelé à manifester à l'occasion de la commémoration de la guerre du Kippour, que l'Egypte considère comme une "victoire" contre Israël dont elle avait réussi à enfoncer les défenses durant plusieurs jours. Quelques milliers d'anti-Morsi, dont des membres de Tamarrod, s'étaient rassemblés au Caire sur l'emblématique place Tahrir.
Une bonne dizaine d'avions de chasse de l'armée égyptienne a survolé une fois la capitale en formation et à très basse altitude pour cette commémoration. Symbole de la toute puissance de l'armée au cœur du nouveau pouvoir, ces manifestants brandissaient de nombreux portraits non pas du président ou du Premier ministre mais du général Abdel Fattah al-Sissi.
Au Caire, de violents heurts ont ensuite éclaté entre pro et anti-Morsi et les policiers anti-émeute qui ont dispersé les islamistes à coups de grenades lacrymogène, de chevrotine et, parfois, de rafales d'armes automatiques, dès que leurs rassemblements grossissaient.
Depuis la mi-août policiers et militaires ont carte blanche pour ouvrir le feu sur tout manifestant qui s'en prend à des biens publics.