Les Irlandais vont se prononcer jeudi, par référendum, sur le pacte budgétaire européen qui introduit le principe de la "règle d'or" et prévoit des sanctions en cas de dérapage des finances publiques. Alors que le gouvernement irlandais a mis, ces dernières semaines, tout son poids dans la balance pour convaincre les 3,1 millions d'électeurs, les derniers sondages effectués dans le pays estiment que le "oui" a de grandes chances de l'emporter. Mais près d'un tiers des électeurs sont encore indécis.
En cas de victoire du "non"...
Concrètement, si l'Irlande rejetait le pacte, cela n'aurait pas de conséquence sur l'actuelle aide financière européenne dont elle bénéficie. Au bord du naufrage en raison de la faillite de son secteur bancaire en 2010, le pays avait été contraint d'accepter un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), l'obligeant à adopter plusieurs budgets d'austérité.
En revanche, une victoire du "non" empêcherait les Irlandais d'avoir accès au futur mécanisme de stabilité européen, destiné à financer les pays en difficulté de la zone euro et qui doit entrer en vigueur en juillet. Et ce, alors que le pays risque d'avoir à nouveau besoin d'une ligne de crédit d'au moins 12 milliards d'euros en 2014.
Quel risque pour l'Europe ?
Pour l’Europe toute entière, le refus des Irlandais à voter en faveur du pacte budgétaire européen enverrait aussi un signal négatif. Le risque est que "l'opposition à l'austérité s'enflamme en Grèce, Italie et Espagne", estime Hugo Brady, chercheur au Center for European Reform. Ce spécialiste craint que d'autres pays que l'Irlande décident alors d'organiser une consultation de ses électeurs pour ratifier le pacte mis au point fin janvier par 25 pays de l'UE sur 27, alors qu’il devait être le seul de l'Union européenne.
Dans les faits, ce "non" ne bloquerait pas l'ensemble du processus de ratification. Douze pays doivent l'avoir ratifié pour qu'il entre en vigueur. Les non-signataires n'y seront pas soumis et pourront toujours choisir de l'adopter par la suite. Déjà deux pays européens, le Royaume-Uni et la République tchèque, ont d'emblée refusé de signer le pacte de stabilité budgétaire. A ce jour, seuls la Roumanie, le Portugal, la Grèce et la Slovénie l'ont fait.
Pas le premier référendum du genre...
Un référendum est, par ailleurs, toujours un exercice risqué en Irlande où les électeurs avaient rejeté les traités de Nice puis de Lisbonne en 2001 et 2008, menaçant de bloquer l'ensemble du processus de construction européenne. Dans les deux cas, un nouveau référendum avait été organisé et s'était finalement soldé par un "oui". Le pays anglo-saxon est le seul de l'Union européenne ayant prévu de consulter ses électeurs pour ratifier le pacte mis au point fin janvier par 25 pays de l'UE sur 27.