L'info. C'est une petite bourgade, isolée au centre des Philippines. Une petite ville assoupie au bord de la côte, dont les habitants de maisonnettes de briques et de bois se connaissent tous. Mais derrière les apparences, Ibabao était devenue un enfer pour un dizaine d'enfants. Un véritable réseau de pédophilie s'y est en effet développé, où les parents les obligeaient à se livrer à des activités sexuelles devant une webcam.
Un réseau international. Mi-janvier, les polices des Philippines, de Grande-Bretagne et d'Australie annonçaient qu'une enquête internationale avait permis de démanteler un réseau qui diffusait via internet des scènes de sévices sexuels imposés à des enfants philippins, pour le compte de pédophiles dans plusieurs pays. L'opération menée par les polices de plusieurs pays a démarré en 2012, après la découverte d'images obscènes dans l'ordinateur d'un pédophile britannique, avait expliqué l'Agence du crime britannique.
Une dizaine d'enfants concernés. En septembre, la police philippine a arrêté un couple qui soumettaient ses enfants de trois, neuf et onze ans à de telles pratiques, dans un bungalow voisin du jardin d'enfants d'Ibabao. Deux jours plus tard, 13 autres enfants de la bourgade ont été secourus.
Une femme d'une autre région. Les autorités ne savent pas quand ces activités ont démarré à Ibabao. Selon des travailleurs sociaux, une Philippine venue d'une autre région s'est installée dans le village il y a quelques années et a initié des parents à cette pratique qui leur permettait de gagner de l'argent rapidement. La femme, soupçonnée d'appartenir à un réseau criminel, a montré comment chercher sur internet des clients potentiels et comment se faire payer, toujours via internet. Certains attiraient des amis de leurs enfants et menaçaient de s'en prendre à leurs parents s'ils racontaient les sévices qu'ils subissaient.
La peur des parents. Si ces "antres du cybersex" ont pu fonctionner aussi longtemps, c'est par peur de représailles en cas de dénonciation et parce que les Philippins n'ont pas l'habitude de se mêler des affaires des voisins, expliquent certains habitants du village. Ainsi, une mère de famille qui s'est vu offrir quelque 100 dollars la session, si elle acceptait d'y soumettre son enfant - une fortune dans cette région où le salaire journalier minimum est de 7 dollars US - n'a rien dit pour ne pas avoir d'ennui. "J'étais en colère. On nous a toujours enseignés d'aimer et protéger nos enfants", raconte cette maman. "Nous ne sommes pas riches. Mais nous ne sommes pas pauvres non plus, ni désespérés. (Faire une telle chose) est diabolique", dénonce-t-elle.
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