Les implications de l'affaire Snowden n'en finissent pas et cette fois, elles touchent la capitale bolivienne, La Paz. Une centaine de manifestants s'en sont pris à l'Ambassade de France mercredi. Mobilisés par des organisations proches du président Morales, ils réagissaient à l'interdiction opposée par Paris au président Evo Morales de franchir son espace aérien mardi. La même interdiction temporaire a été faite par le Portugal, l'Espagne et l'Italie sur la base de rumeurs indiquant l'informaticien Edward Snowden, recherché par les Etats-Unis, se trouvait à bord.
Les manifestants boliviens ont d'abord visé la représentation française avec des pierres et fait exploser des pétards, avant de brûler deux drapeaux, brandissant des pancartes et des banderoles critiquant le gouvernement français. Des vitres de la représentation diplomatique ont été brisées alors que la police s'est repliée face aux protestataires. "France, fasciste, hors de Bolivie !", "France, l'indien [Evo Morales, ndlr] est le sauveur du monde !", scandaient des manifestants tandis que d'autres brandissaient des pancartes indiquant "France hypocrite, France colonialiste".
Un manifestant brûle un drapeau français devant l'ambassade à La Paz pic.twitter.com/yoNEmpgqE4 (Photo AFP via @LaRazon_Bolivia)— Martin Untersinger (@martin_u) July 3, 2013
Renvoyer les ambassadeurs ? Le Parlement bolivien a, quant à lui, demandé l'expulsion du pays des ambassadeurs de France, du Portugal et d'Italie. "Jeudi, nous allons solliciter la chancellerie pour qu'elle déclare personae non gratae" ces trois ambassadeurs "par respect pour les Boliviens et plus que tout pour la vie d'un président", a déclaré un député de l'opposition Galo Bonifaz à un site internet d'information local, Oxigeno.
L'avion présidentiel n'a pas été inspecté. Mardi, le président bolivien a déclaré, en marge de sa visite à Moscou, que son pays était prêt à accueillir l'ancien consultant de la NSA, auteur de fuites sur les techniques d'espionnage américaine dans le monde. De retour vers la Bolivie, plusieurs pays européens ont refusé de le laisser traverser leur espace aérien. L'avion d'Evo Morales a alors été contraint de se poser à Vienne, en Autriche, où il est resté bloqué pendant treize heures. La Paz a par la suite indiqué que l'avion présidentiel n'avait pas été inspecté. Personne n'est monté à bord pour vérifier si Edward Snowden, l'informaticien recherché pour espionnage aux Etats-Unis, s'y trouvait ou non parce que le chef de l'Etat s'y est opposé, a précisé le ministre bolivien de la Défense Ruben Saavedra.
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Hollande a autorisé le survol à Morales. François Hollande a, de son côté, assuré qu'il avait "immédiatement" donné l'autorisation de survol de la France à l'avion dès qu'il avait su qu'Evo Morales se trouvait à bord. "Il y avait des infos contradictoires sur les passagers qui étaient à bord", a expliqué le chef de l'Etat français. "Dès lors que j'ai su que c'était l'avion du président bolivien, j'ai donné immédiatement l'autorisation de survol" du territoire français, a-t-il ajouté.
Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a par ailleurs téléphoné à son homologue bolivien "pour lui faire part des regrets de la France suite au contretemps occasionné pour le président Morales par les retards dans la confirmation de l'autorisation de survol du territoire par l'avion du président", a indiqué le porte-parole du ministère.
Après une escale technique aux Canaries, l'appareil présidentiel est actuellement en route pour la Bolivie. Edward Snowden, lui, pourrait toujours se trouver en zone de transit à l'aéroport de Moscou.