La pression reste forte sur Michèle Alliot-Marie, depuis que Le Canard enchaîné l’accuse d’avoir utilisé le jet privé d'un proche du clan Ben Ali, un certain Aziz Miled, pendant ses vacances en Tunisie à Noël dernier. La ministre et son compagnon, Patrick Ollier, également membre du gouvernement, se défendent en arguant que leur ami n’était pas un proche du président déchu, ni de la famille de sa seconde épouse, les Trabelsi. La vérité est sans doute à chercher entre ses deux versions.
"Aziz Miled a beaucoup subi"
Aziz Miled, 73 ans, fait bien partie de ceux qui ont directement travaillé avec la famille honnie en Tunisie, les Trabelsi. Il a été l’associé de Belhassen, l’un des beaux-frères de Ben Ali, dans sa société Nouvelair, à partir de 2008. Il a également été partenaire, dans l’immobilier cette fois, avec le gendre du président renversé, Sakhr el-Materi.
Pour autant, l’homme d’affaires pourrait avoir subi plus qu’agi dans ses relations avec les Ben Ali-Trabelsi. "Il y en a qui ont essayé de faire le maximum pour échapper à l’emprise de Ben Ali, et ils ont été obligés de faire des concessions. Et il y en a qui ont précédé ces concessions et qui ont été s’engouffrer directement dans les affaires avec Ben Ali. Aziz Miled fait partie des premiers. Il a essayé de sauver ses affaires, de sauver sa tête, en subissant. Aziz Miled a beaucoup subi", estime Abdelaziz Belkhodja, un écrivain et ancien opposant, réputé assez dur avec les complices du régime, interrogé par Europe 1.
Signataire de la "pétition des 65 flatteurs"
Pour Aziz Miled, il y avait effectivement une contrepartie à faire des affaires avec le clan anciennement au pouvoir. Une sorte de racket dont la famille Trabelsi était coutumière. Selon un membre du réseau anti-corruption, monté par la société civile tunisienne, Aziz Miled avait ainsi dû vendre aux Trabelsi une grande partie de ses actions dans la banque internationale arabo-tunisienne. L’homme a également dû, selon Patrick Ollier, céder 20% et la présidence de sa compagnie aérienne.
Reste que c’est aussi le même homme qui a organisé et financé la campagne de Ben Ali en 2004. "Il n’a spolié personne. Il n’a jamais eu de passe-droit. Par contre, travailler avec eux, il l’a fait. Il a profité qu’il était aligné sur la ligne de Ben Ali. Et il s’est mis dans leur camp pour protéger ses propres intérêts", résume Ashni Dhaoui, du réseau anti-corruption.
Il a aussi signé en août 2010 la "pétition des 65 flatteurs", pour que Ben Ali reste au pouvoir jusqu’en 2019. "Vous lui demanderez dans quelles conditions ? ", s’est défendue Michèle Alliot-Marie sur Canal Plus mercredi soir.