BLOG - L’inspecteur Hiver était un escroc

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LES HISTOIRES D'@ - @InspectorWinter avait raconté les émeutes de Londres sur Twitter en tant que policier.

Dimanche 14 août 2011. La Grande-Bretagne vient de vivre une semaine d’émeutes comme rarement dans son Histoire récente. Après des nuits de violence, des unités de police ont été déployées partout. Parmi ces hommes sur le terrain, celui qui se fait appeler @InspectorWinter. Sur Twitter ce jour-là, il va publier 52 messages. C’est beaucoup pour un officier censé être en première ligne face aux émeutiers. Un an après, une enquête a permis de déterminer que ce fameux « inspecteur Hiver » n’était qu’un imposteur. Pour lire la totalité de cette histoire, cliquez ici.

Pourtant, tout sonnait « vrai ». Le dimanche 14 août donc, l’@InspectorWinter publie une première photo sur Twitter. Il y a là une casquette noir avec le sigle « Police » apposé dessus, un formulaire où il faut cocher par exemple « arrêté » ou « mise en garde verbale » et… deux paquets de bonbons. On imagine notre policier coincé de longues heures dans sa voiture banalisée, mais prêt à agir si un émeutier pointe le bout du nez, enchaînant les arrestations.

L’@InspectorWinter fait d’ailleurs lui-même les comptes dans un autre tweet : « nous avons arrêté plus de 1.000 personnes ». Et en toute fin de journée, il se livre à quelques confidences personnelles dans un nouveau message : « je suis tellement fatigué. Je n’arrive même pas à boire mon thé»…

Alors qu’en cette mi-août, la police britannique vient de faire appel à un super-fic venu des Etats-Unis pour sortir la tête de l’eau, l’@InspectorWinter devient peu à peu le porte-voix des policiers de la base, ceux qui montent toutes les nuits « au front ». « Il y a tellement de choses que je voudrais raconter, tellement d’expériences vécues au cours des 48 dernières heures, des expériences de terreur, d’humour massif et de tristesse. J’ai essayé de raisonner un commerçant qui voulait retourner en courant dans un immeuble en feu pour sauver son stock, et par là-même son moyen de subsistance. J’ai enlevé mon casque pour mieux l’entendre, il sanglotait en me racontant sa vie », décrit l’@InspectorWinter sur son blog.

Plus de 3.000 fans sur Twitter, plus de 8.000 messages envoyés : l’@InspectorWinter devient visible et même audible pour les médias anglais, qui tombent dans le panneau. Faut-il les blâmer pour autant ? Ce que racontait l’@InspectorWinter « sonnait » particulièrement vrai. Et pour cause : il aurait réussi à se faufiler dans certains commissariats pour assister à des réunions, suivre des briefings, en utilisant un faux badge.

L’@InspectorWinter s’était glissé dans l’uniforme de son personnage, endossant les responsabilités qui vont avec. Au point qu’il avait adressé un tweet tout spécial à l’attention d’Elizabeth Hurley, l’ex de Hugh Grant, qui vivait dans sa zone d’action. « Nous faisons de notre mieux et nous allons continuer à le faire. Nous conduirons ceux qui sont responsables de cela devant la justice et nous reprendrons le contrôle de nos rues ».

L’inspecteur Hiver est aujourd’hui en prison. Il attend d’être jugé dans une autre affaire, une escroquerie à la carte bancaire. Il a plaidé coupable.