BP va broyer du noir

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Combien va-t-il payer ? Est-il le seul responsable ? Europe1.fr fait le point.

Alors que le pétrole s’écoule toujours au large des côtes américaines, le groupe pétrolier BP s’est engagé à payer "tous les coûts nécessaires et appropriés de nettoyage". Mais l’entreprise pourra-t-elle se relever d’une telle catastrophe ?

BP était-il suffisamment préparé ? Apparemment non. Le groupe pétrolier BP n'était pas préparé au pire, a déclaré mardi Edward Markey, président démocrate d'une sous-commission sur l'Environnement à la Chambre des représentants. "Je crois qu'il est plutôt clair qu'il n'y avait pas de préparation au pire scénario", a-t-il dit après avoir reçu un compte-rendu de la situation mardi après-midi de la part de responsables de BP, de Transocean (propriétaire de la plateforme) et de Halliburton, sous-traitant sur la plateforme.

BP est-il seul responsable ? Il est encore trop tôt pour le dire. Une enquête doit déterminer ce qui s’est réellement passé. Mais avant cela, il faut d’abord que la fuite soit colmatée. C’est le plus urgent. Toutefois, Bart Stupak, président de la commission de Surpervision et d'Enquête de la Chambre des représentants, a déclaré qu’"une des questions sur lesquelles nous allons enquêter est de savoir si le dispositif anti-explosion sur la plateforme Deepwater Horizon a été testé et entretenu correctement".

Combien BP va-t-il débourser ? "C’est très difficile d’évaluer le coût total", explique Christian Buchet, directeur du centre de la mer de l’Institut catholique de Paris. "Car en plus du coût du nettoyage, c’est le préjudice environnemental qu’il va falloir estimer. Or, comment savoir combien coûte un oiseau mazouté ?". Pour le moment, le coût total du nettoyage est estimé à 15 milliards de dollars. La compagnie pétrolière britannique a assuré qu'elle paierait "tous les coûts nécessaires et appropriés de nettoyage" de la marée noire. Elle a déjà versé 25 millions de dollars aux Etats américains concernés par les opérations de nettoyage.

BP va-t-il être le seul à payer ? Le groupe essaie de faire en sorte de ne pas être le seul. Selon le quotidien canadien Globe and mail, BP tente de partager l’addition (très) salée avec la société américaine Transocean, propriétaire de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon qui a sombré le 22 avril. Nombre d'analystes estiment que le coût global du nettoyage et des indemnisations que le groupe pétrolier aura à financer sera bien inférieur à ce qui est avancé et qu'il sera partagé avec ses partenaires sur le gisement concerné, à savoir l'américain Anadarko Petroleum et le japonais Mitsui.

Le cas de BP va-t-il changer la loi sur les indemnisations ? L'administration Obama s'est dite favorable mercredi à une augmentation "significative" du plafond des indemnisations dues par les compagnies pétrolières quand elles polluent l'environnement. Selon la loi actuellement en vigueur, votée après l'échouage de l'Exxon Valdez en Alaska en 1989, les compagnies pétrolières sont tenues de payer pour les opérations de nettoyage induites par un accident dans la limite de 75 millions de dollars. Des sénateurs américains ont déposé lundi un projet de loi pour relever ce plafond des indemnisations de 75 millions à 10 milliards de dollars. "Dans un monde juste et équitable, les compagnies comme BP devraient payer jusqu'au dernier centime pour le bazar qu'elles ont créé, pas le contribuable, pas l'industrie du tourisme, pas les pêcheurs, pas les PME", a indiqué mercredi dans le communiqué le représentant démocrate Rush Holt, l'un des promoteurs du texte qui répond au problème des coûts économiques de la marée noire.

BP va-t-il voir son image entachée ? Selon une étude réalisée en 2007 auprès des consommateurs, BP jouissait à l’époque de l’image d’une entreprise plus respectueuse de l’environnement que toutes les autres grosses compagnies pétrolières. Avec cette marée noire, cette image auprès de l’opinion publique risque de changer radicalement. Outre l’image de marque du groupe pétrolier, c’est sa cotation en bourse qui se trouve en berne. BP a perdu environ 17% de sa valeur depuis l'annonce il y a deux semaines de l’incendie sur la plate-forme Deepwater Horizon. La valeur boursière de la compagnie a ainsi été amputée de près de 32 milliards de dollars (24,3 milliards d'euros), selon des données ThomsonReuters.