Les manifestants bahreïniens avaient rebaptisé la place de la Perle, située en plein milieu de la capitale Manama, "place Tahrir". Comme en Egypte, le mouvement de contestation politique et sociale, sans précédent, a démarré par un appel de jeunes lancé sur Facebook. Mais, dans le petit Etat du Golfe, tenu d’une main de fer par la monarchie sunnite depuis 40 ans, l’armée a durement réprimé les manifestants.
Les forces anti-émeutes se sont déployées jeudi dans les rues de Manama, affirmant avoir pris toutes les mesures pour rétablir l'ordre. Des dizaines de blindés étaient en faction, près de la place de la Perle.
Edouard, un Français habitant à Manama, témoigne, au micro d'Europe 1, avoir " entendu des coups de feu" :
"Les représailles sont très violentes : la police et l'armée n'hésitent plus à tirer, parfois même à bout portant. Le ministère de la Santé a donné l'ordre aux différents hôpitaux de ne plus soigner les blessés et des médecins ont été tués parce qu'ils cherchaient à porter secours", témoigne Fanny, contactée par Europe 1. Femme d'un Bahreïni et vivant à Manama, elle refuse d'être contactée par téléphone parce qu'elle a peur d'être "mise sur écoute".
4 morts et une cinquantaine de blessés
Il y aurait au moins 4 morts, et l’opposition dresse un bilan provisoire d’une cinquantaine de blessés, dont dix grièvement. Miguel Marquez, un journaliste américain, sur place pour la chaîne ABC, a été passé à tabac lors de cette même évacuation violente. Il a dit avoir été frappé et vu sa caméra arrachée, jeudi au petit matin.
Le chef de l’opposition chiite Ali Salmane a évoqué une attaque sauvage contre un mouvement pacifique. Il a demandé jeudi la démission du gouvernement suite à cette répression sanglante. D’après lui, l’armée a attaqué sans sommation, et les policiers auraient fait usage de balles à fragmentation et en caoutchouc.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton est "profondément inquiète" de la situation et a appelé le gouvernement à la "retenue" face aux manifestants lors d'une conversation téléphonique avec son homologue bahreïni, a dit jeudi un responsable américain. L'Iran a pour sa part demandé au gouvernement bahreïni de ne "pas avoir recours à la violence et de tenir compte des demandes de la population".