L'INFO. Les soldats français sont en train de se faire des ennemis. Depuis lundi, ils ont entamé le désarmement des combattants de la Séléka, une coalition de groupes armés principalement musulmans, accusée de graves exactions contre les civils chrétiens, qui ont eux-mêmes constitué des milices pour attaquer les musulmans.
> A Bangui, l'envoyé spécial d'Europe 1, Xavier Yvon, a rencontré des combattants de la Séléka dans les casernes où ils sont cantonnés depuis lundi.
Des hommes désœuvrés. Dans ces casernes, on croise des hommes désœuvrés, en treillis et claquettes, en train de somnoler sur des matelas, avec à côté leur kalachnikov ou leur pistolet sous l'oreiller, ou bien en train de partager le manioc, le tout sur fond de musique arabe.
Ils ne se font plus appeler Séléka mais "armée nationale". Pourtant, il y a presque autant d'uniformes différents que d'hommes, avec des couleurs verte, marron, sable, kaki… Il s'agit en fait d'une armée de miliciens qui tenaient la ville il y a quelques jours encore, avant l'arrivée des Français. Désormais, s'ils sortent avec leurs armes, ils s'exposent aux contrôles des patrouilles françaises.
"Nous ne sommes pas contents". S'ils sortent les mains nues, ces hommes craignent d'être attaqués par les milices chrétiennes et leurs machettes, les anti-Balaka. Adam Ali Mahamat, le commandant de la caserne, explique au micro d'Europe 1 qu'il a peur pour ses proches, qu'il ne peut plus protéger et qui sont "en danger". Il prédit même le pire : "s'il y a un génocide qui commence, c'est l'armée française, la France qui sera responsable". "Ils sont venus pour protéger les citoyens et normalement, ils doivent les protéger tous, chrétiens ou musulmans", poursuit-il, ajoutant : "l'armée française a pris le chemin des chrétiens et nous ne sommes pas contents".
"Mais on a des ordres et on les respecte les ordres", souligne Adam Ali Mahamat. Pas question donc pour l'instant de sortir des casernes pour affronter les Français. Les deux soldats tués dans la nuit de lundi à mardi ? "Ce n'est pas nous", répondent les miliciens. Mais si des militaires français s'aventurent dans la caserne, le commandant prévient que ce sera dangereux pour eux, tout en montrant la mitrailleuse lourde postée à l'entrée du camp.
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