L’INFO. Battir, ses oliviers, ses terrasses agricoles antiques et… son combat contre le "Mur". Situé à quelques kilomètres au sud de Jérusalem, ce petit village palestinien qui pourrait bien entrer au Patrimoine mondial de l’humanité lutte contre la construction de la barrière de séparation en Cisjordanie. Un recours a été déposé devant la Haute cour de justice israélienne, qui l'a examiné mercredi mais n’a pas encore tranché. Europe1.fr vous emmène à la découverte de ce petit village d’irréductibles.
Des terrasses héritées des Romains. Il y a plus de 2.000 ans, ce sont les Romains qui ont construit le système d’irrigation qui arrose toujours ce village de 325 hectares. Aujourd’hui encore, des oliviers poussent sur ces terrasses antiques, exploitées par huit familles du village. On y cultive aussi un type d’aubergine apprécié dans toute la région. Mais la petite cité est située tout près de la ligne de chemin de fer qui relie Jaffa à Jérusalem et qui sert de ligne de démarcation entre Israël et la Cisjordanie depuis 1949. Les trains ne s’y arrêtent plus, isolant de fait les habitants de Battir. Seule concession : ceux-ci ont le droit de cultiver certaines terres un peu au-delà de la frontière, explique Le Monde. Ce qui fait de Battir un cas unique dans le conflit israélo-palestinien, souligne de son côté Haaretz.
Ils résistent contre la "clôture de sécurité" d’Israël. Mais aujourd’hui, le fragile équilibre de Battir est menacé : le village figure en effet sur le tracé de la barrière de séparation en Cisjordanie, le "Mur" construit par Israël depuis une dizaine d’années. Cette barrière, "clôture de sécurité" pour les uns, "mur de l’apartheid" pour les autres, déjà achevée aux deux tiers, doit mesurer à terme 712 kilomètres.
Les habitants de Battir n’en veulent pas et s’organisent pour résister au "Mur", de façon pacifique. Le village a demandé en 2012 à figurer sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité, établie par l’Unesco, une candidature qui pourrait être bientôt acceptée. L’Unesco a aussi aidé les Palestiniens à créer un éco-musée. C'est l’ONG des Amis de la Terre Moyen-Orient qui a déposé le recours examiné par la Haute cour de justice israélienne et renvoyé à une date ultérieure, non précisée.
L’issue du combat des habitants de Battir demeure donc incertaine. Ils peuvent cependant compter sur un soutien des plus inattendus, celui de… l’Autorité israélienne des réserves et parcs naturels, pourtant dirigée par des partisans de la colonisation. Pour la première fois, l’organisation s’est opposée à la construction d’un segment du "Mur". "La lutte de nos voisins pour inscrire ce site au Patrimoine mondial de l’humanité nous met dans une position embarrassante", admettait-elle dans un document consulté par Haaretz en 2012, avant de poursuivre : "nous devrions travailler ensemble pour protéger ce paysage".