C'est une décision historique. Après 23 ans passés au pouvoir, le président tunisien Zine el Abidine ben Ali a quitté son pays vendredi. Selon plusieurs chaînes françaises qui citent Al-Jazira, il serait en route pour la France.
Une source policière a indiqué que la police française se prépare à l'arrivée du président tunisien à Paris. L'Elysée avait dit auparavant ne pas avoir d'information attestant de la venue de Ben Ali dans la capitale française. L'avion dans lequel est installé Zine el Abidine ben Ali aurait survolé l'espace aérien maltais. C'est en tout cas ce qu'a indiqué un porte-parole du ministère maltais des Affaires étrangères : le pilote a "pris contact avec la tour de contrôle de l'aéroport de La Vallette, mais seulement pour survoler l'espace aérien et pas pour atterrir". Il a précisé que l'appareil se dirigeait "vers le nord".
Mohammed Ghannouchi, président par intérim
C'est le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi qui s'est exprimé en fin d'après-midi à la télévision. Il a annoncé que le président est "temporairement dans l'incapacité d'exercer ses fonctions". "Conformément à l'article 56 de la Constitution, j'assume à partir de cet instant la charge de président par intérim", a ajouté le Premier ministre, âgé de 69 ans. Le nouveau président, filmé dans la palais présidentiel de Carthage, a lu debout sa déclaration entouré par le président de la chambre des députés, Fouad Mebazaa et celui de la chambre des conseillers, Abdallah Kallal.
Plus tôt dans la journée, Ben Ali avait annoncé coup sur coup le limogeage de son gouvernement et la tenue d’élections législatives anticipées dans un délai de six mois. Des concessions qui n'auront donc pas suffi à assurer son maintien au pouvoir.
Le nouveau président par intérim, Mohammed Ghannouchi, a lancé dans son discours aux Tunisiens un appel "au patriotisme et à l'unité", "toutes sensibilités politiques" confondues. Il s'est engagé à "mettre en oeuvre les réformes politiques, économiques et sociales qui ont été annoncées (...) en consultation avec toutes les composantes politiques, y compris les partis politiques et la société civile". Mohammed Ghannouchi devrait rester président par intérim jusqu'à la tenue d'élections anticipées, a indiqué la télévision tunisienne.
Des tirs entendus à Tunis
Peu après l'annonce du départ de Ben Ali, des tirs d'armes automatiques ont été entendus vendredi soir dans le centre de Tunis. Et ce, malgré le couvre-feu mis en place jusqu'à 6 heures samedi matin. L'état d'urgence, décrété depuis vendredi après-midi, prévoit aussi l'interdiction des rassemblements sur la voie publique - notamment de plus de trois personnes -, et l'autorisation d'utilisation des armes par les forces de l'ordre sur tout "suspect" refusant d'obéir aux ordres. L'espace aérien tunisien a aussi été fermé.