Jeudi soir, Zine el Abidine ben Ali avait déjà fait un geste fort en annonçant qu’à titre personnel il ne se représenterait pas pour briguer un nouveau mandat. A l’horizon 2014. Vendredi, le président tunisien a accéléré le calendrier, annonçant coup sur coup le limogeage de son gouvernement et la tenue d’élections législatives anticipées dans un délai de six mois.
"Je vous ai compris", a martelé le chef de l'Etat jeudi soir dans sa troisième intervention télévisée depuis le début des violences, appelant notamment les forces de sécurité à ne plus tirer à balles réelles sur les manifestants.
Mais sur le terrain, la situation reste extrêmement tendue. Des milliers de manifestants sont rassemblés depuis vendredi matin à Tunis pour exiger la démission immédiate de Ben Ali. Ils pourraient donc ne pas se satisfaire du nouveau geste du président tunisien. "Non à Ben Ali", "Soulèvement continu", "on préfère la disette à Ben Ali" lui ont répondu des centaines de manifestants dans la capitale, qui se sont rassemblés devant le ministère de l'Intérieur. Pour autant, la police les a dispersés à coup de grenades lacrymogènes.
Jamais depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali, en 1987, la Tunisie n’avait connu une telle vague de contestation.