Entérinant la victoire du Parti de la Justice et du Développemment (PJD) aux élections législatives, le roi du Maroc Mohamed VI a nommé mardi le chef du parti islamiste modéré, Abdelilah Benkirane, au poste de Premier ministre.
Abdelilah Benkirane a prêté serment devant le roi à Midelt, dans le centre du pays, lors d'une brève cérémonie, accompagné par un des dirigeants du parti islamiste Saadedine Othmani. Il doit désormais composer un gouvernement d'union nationale.
Un enseignant qui va devoir rassurer
Né dans le quartier populaire d'Al-Akkari à Rabat, Abdelilah Benkirane a fait ses débuts politiques au sein de la Jeunesse socialiste de l'Union nationale des forces populaires, avant de rejoindre la Jeunesse islamique. Diplômé de l'Ecole nationale supérieure (ENS) pour l'enseignement scolaire, il a fondé une école privée qu'il gère toujours.
Agé de 57 ans et membre du Conseil supérieur de l'enseignement, cet orateur charismatique devra rassurer les milieux libéraux marocains que certaines de ses positions, sur l'homosexualité notamment, ont inquiété.
Une opération séduction qu’il a déjà entamée mardi matin en exclusivité sur Europe 1. "N’ayez pas peur", a-t-il martelé, avant d’exposer sa vision de l’islamisme au XXIe siècle. "Il y a des termes comme démocratie, liberté, droits de l’Homme qui sont impossibles à dépasser", a-t-il insisté.
Le PJD vainqueur haut la main des législatives
Le PJD a remporté vendredi 107 des 395 sièges du Parlement lors des élections législatives anticipées du 25 novembre. Les islamistes modérés vont donc diriger pour la première fois un gouvernement mais qui sera étroitement contrôlé par le roi, comme le veut la constitution.
Le PJD pourrait s'associer aux trois partis du bloc Koutla qui regroupe l'Istiqlal du Premier ministre sortant Abbas al Fassi, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le parti Socialisme et Progrès (PPS) qui disposent respectivement de 60, 39 et 18 élus.
Cette victoire des islamistes marocains intervient un mois après celle enregistrée par les islamistes modérés tunisiens du parti Ennahda. En Egypte, les Frères musulmans devraient ainsi obtenir de bons scores dans les urnes à l'occasion des élections parlementaires qui ont débuté lundi.