En huit ans de pontificat, il aura eu à gérer la plus forte crise de l’Église contemporaine. Le pape Benoît XVI, qui a annoncé lundi sa démission, est arrivé sur le trône de Pierre avec une réputation de conservateur intransigeant. Il laissera le souvenir d’un souverain pontife théologien, réservé et rigoureux, animé d’un souci : celui de clarifier le message de la foi catholique.
• Un pape solitaire. C’est le 19 avril 2005 que Joseph Ratzinger a succédé à Jean-Paul II, à l’âge de 78 ans. Plutôt solitaire et même timide, il a moins voyagé que son prédécesseur et s’est moins imposé médiatiquement. Son pontificat est marqué par la défense des valeurs chrétiennes de l’Europe et il a créé un dicastère pour la "nouvelle évangélisation" des sociétés déchristianisées.
• Des polémiques... Plusieurs polémiques ont marqué son règne. En 2006, il déclenche la fureur du monde musulman en dénonçant la violence au nom de la religion, dans une allusion indirecte à l’islam. Fin janvier 2009, le pape défraie la chronique en décidant de lever l’excommunication de quatre évêques intégristes dont le négationniste Richard Williamson.
• … Et des scandales. Benoît XVI a aussi dû faire face aux révélations en cascade sur des abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé, aggravés par l’"omerta" de la hiérarchie. Il demande "pardon" aux victimes en juin 2010, affirmant que "la plus grande persécution" de l’Église vient d’elle-même à travers ses propres péchés et prônant la tolérance zéro.
Un autre scandale éclate en 2012, à l’intérieur même du Vatican : une affaire de fuites de documents confidentiels débouche sur l’arrestation de son propre majordome, Paolo Gabriele. Les observateurs voient dans ce dossier un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie.
• Une avancée sur le préservatif. Sur la question du préservatif, il a admis en novembre 2010 son usage "dans certains cas" pour éviter des risques de contamination. Une façon, peut-être, de compenser une phrase qui lui fut reprochée en 2009 quand il avait affirmé que la distribution de préservatifs "aggravait" le problème du sida.
• Défense de la famille traditionnelle. Benoît XVI est resté sur la ligne constante de l’Église sur d’autres questions, défendant la famille traditionnelle et demeurant hostile à l’avortement et à l’euthanasie. Pendant son pontificat, il a déçu certains en ne concédant aucune réforme sur le célibat des prêtres, l’ordination des femmes ou encore la Curie.
D’un point de vue théologique, il s’est appliqué, dans des centaines de discours, à expliquer la "beauté" du message chrétien, qui ne doit pas, selon lui, s’adapter aux idées à la mode. Partisan d’une liturgie soignée, il a aussi fait de nombreux pas, non payés de retour, vers les traditionalistes intégristes.