Silvio Berlusconi n’a pas perdu, mais il n’a pas vraiment gagné non plus. Certes, le vote de confiance des députés vendredi s’est conclu positivement pour le Cavaliere, avec 316 voix pour, et 301 contre. Mais le chef du gouvernement italien doit composer avec des dissensions internes à sa coalition, sans parler de ses ennuis judiciaires et de sa gestion critiquée de la crise.
C’est au total le 51e vote de confiance remporté par son exécutif en trois ans. Là encore, pourtant, les chiffres sont trompeurs. Les éditorialistes politiques ont parlé d'"agonie interminable" et de "crépuscule" du leader du PDL, 75 ans, et à la tête de l'exécutif depuis 17 ans.
"La sensation est d'un gouvernement qui continue sa route poussivement vers le terminus et espère arriver à la fin de l'année", a estimé Massimo Franco, expert politique du journal Corriere della Sera.
Il joue "sa dernière carte"
Silvio Berlusconi avait balayé ces analyses pessimistes avant le vote. "Qui peut croire qu'un gouvernement technique pourrait avoir plus de force que le nôtre pour adopter des mesures impopulaires ? Sur le plan politique il n'y a pas d'alternative à ce gouvernement", avait-il assuré, se posant comme unique solution pour sortir l'Italie de la crise.
Mais il est lâché, petit à petit. Même le président, Giorgio Napolitano, ne le soutient plus. Pour Stefano Folli du quotidien économique Sole 24 Ore, Berlusconi a joué vendredi "sa dernière carte" dans le but de "durer encore pour quelques mois pour ensuite aller à des élections" anticipées en 2012 - un an avant le terme normal de la législature - "en sauvegardant l'alliance avec Umberto Bossi", ministre des Réformes.
Dégradation de la note italienne et Rubygate
Ces derniers mois, la politique économique de Berlusconi n'a pas arrangé sa réputation, déjà fortement ébranlée par ses frasques. La note souveraine italienne a été dégradée par les agences de notation qui ont souligné les risques posés en pleine tempête sur la zone euro, par l'énorme dette italienne (120% du PIB) et une croissance poussive. Les agences Standard and Poor's et Moody's ont aussi pointé du doigt des "incertitudes" politiques.
Le Cavaliere, déjà empêtré à Milan dans le procès Rubygate pour prostitution de mineure, a été rattrapé par un autre scandale sexuel datant de 2008-2009. Deux affairistes sont soupçonnés de lui avoir fourni des prostituées pour des fêtes torrides surnommées "bunga bunga" dans l'espoir de décrocher des marchés publics.