L'INFO. Au lendemain de la condamnation de Silvio Berlusconi par la cour de Cassation dans l'affaire Mediaset, la crise politique prend corps en Italie. Vendredi soir, les parlementaire du Peuple de la liberté (PDL), le parti du "Cavaliere", ont remis à leurs chefs de groupes leur démission en signe de protestation contre la décision de la plus haute cour de justice italienne. La coalition gauche-droite est donc sérieusement en péril. Le "Cavaliere" va même encore plus loin : il a relancé l'idée d'élections pour réaliser "une vraie réforme de la justice".
>>> A lire : Berlusconi condamné, l’Italie divisée
Le PDL prêt à des élections. Ce "coup de force" des élus du Parlement italien a été orchestré par Silvio Berlusconi lui-même. L'ex-président du Conseil italien avait réuni jeudi les parlementaires à Rome. "Nous ne pouvons nous soustraire au devoir d'une vraie réforme de la justice et sommes prêts aux élections. Nous devons demander au plus vite des élections pour vaincre. Réfléchissons au meilleur chemin pour atteindre cet objectif", a lancé l'ancien président du Conseil devant les parlementaires de son parti, selon ses propos rapportés par les médias. Il a ensuite reçu une ovation quand il les a assuré de son innocence : "le jugement ne se base sur rien", a-t-il affirmé. Son dauphin, Angelino Alfano, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de coalition droite-gauche d'Enrico Letta, lui a assuré: "Nous sommes prêts à la démission pour défendre notre idéal".
Les parlementaires du PDL ont remis à leurs chefs de groupes leurs démissions. Renato Schifani (Sénat) et Renato Brunetta (Chambre des députés) ont indiqué vouloir se rendre au palais du Quirinal auprès du président de la République, Giorgio Napolitano, pour porter ces démissions et demander "un retour à la justice".
Assignation à résidence ou travail d'intérêt général ? La préfecture de police de Milan a par ailleurs émis le décret qui privera le "Cavaliere" de son passeport. Conséquence de sa condamnation jeudi par la Cour de cassation à quatre ans de prison, dont trois couverts par une amnistie, dans le scandale Mediaset. Silvio Berlusconi ne sera pas incarcéré en raison de son âge (76 ans) mais devra choisir à la mi-octobre entre l'assignation à résidence et les travaux d'intérêt social.
>>> A lire : VIDEO : Berlusconi se dit "persécuté"
Quelle stratégie ? Après cette condamnation, c'est toute l'Italie qui retombe dans la crise. "Le gouvernement est désormais un mort qui marche", avait prédit vendredi le journal Il Fatto Quotidiano. Étant donné que Silvio Berlusconi ne pourra pas se présenter aux élections durant six ans du fait de sa condamnation, il semblait avoir plutôt intérêt à conserver son siège de sénateur jusqu'au terme normal de la législature (2018) et éviter des élections anticipées causées par une éventuelle chute du gouvernement. Et pourtant, vendredi soir, les dirigeants du PDL semblaient ne pas exclure une ligne dure même si une chute du gouvernement n'est pas certaine. Jusqu'ici, Silvio Berlusconi avait privilégié l'apaisement, tentant de calmer les faucons prompts à agiter le chiffon rouge des démissions en masse du gouvernement.
"Les affaires judiciaires de Silvio Berlusconi ne seront pas un problème pour le gouvernement", avait ainsi rassuré Mara Carfagna, une figure modérée de son parti. Si le "Cavaliere" décidait de "sauver le gouvernement", alors il se "déchargerait de manière rusée sur le PD (Parti démocratique, gauche) de la responsabilité de continuer à coopérer avec un allié de droite dirigé par un repris de justice", observait Marcello Sorgi, éditorialiste du quotidien modéré La Stampa.
Qu'en pense la gauche ? Plusieurs dirigeants du PD, comme l'ancien numéro un Pier Luigi Bersani, ont suscité l'ire du PDL en affirmant qu'un parti ne "pouvait être dirigé par un homme condamné pour fraude fiscale". Le président du Conseil, le démocrate de gauche Enrico Letta, a lancé des appels pressants à l'apaisement dans une phase critique: "Pour le bien du pays, il est nécessaire maintenant que, y compris dans le cadre du légitime débat interne aux forces politiques, prévale un climat de sérénité". Et ce dernier de marteler : "il faut que domine l'intérêt général".