Silvio Berlusconi joue gros mercredi. En forçant la main aux ministres de son parti (le Peuple de la Liberté) de quitter le gouvernement Letta pour tenter d'échapper à ses condamnations, le Cavaliere pourrait voir son coup de force échouer si ces derniers décident de rester dans ce gouvernement de coalition, comme l'a laissé entendre Angelino Alfano, le dauphin de Berlusconi. Un vote de confiance est prévu à la mi-journée au Parlement, qui pourrait mettre un coup aux ambitions de retour politique de l'ancien président du Conseil. Philippe Ridet, correspondant du Monde en Italie décrypte pour Europe 1 les soubresauts politiques de la Botte.
Silvio Berlusconi peut-il gagner son coup de force mercredi ?
On verra ce matin avec le vote s'il a réussi ou pas. Il a déjà démontré qu'il était très fort, depuis vingt ans qu'il domine la vie politique italienne. Aujourd'hui, c'est un peu son dernier combat, un geste un peu fou, faire tomber un gouvernement pour échapper à ses condamnations, provoquer de nouvelles élections. Fuir la justice d'une certaine façon. Ce qui est sûr, c'est que tout son parti ne le suit pas, pour la première fois. C'est la première fois qu'on voit une telle fronde au sein du PDL.
Que pensent les Italiens de tout cela ?
Un tiers des électeurs italiens croient dur comme fer à cette légende d'un Berlusconi poursuivi par la Justice, parce qu'ils regardent la télé de Berlusconi et lisent ses journaux où il est présenté comme un innocent injustement poursuivi. Il leur lave le cerveau, et une partie des italiens est satisfaite d'avoir le cerveau lavé par Berlusconi. Il est le cache-sexe des Italiens : derrière ses vices énormes se cachent une partie de leurs propres vices.
Peut-il vraiment disparaître de la vie politique italienne, en cas d'échec ?
Il est toujours délicat d'enterrer Berlusconi. Des quantités de correspondants à Rome s'y sont cassés les dents ! Berlusconi pèse moins qu'avant mais il pèse toujours : son parti a perdu 6 millions de voix mais il était deuxième ou troisième aux élections de février, avec 25% des suffrages. Il est passé tout près d'une victoire. Et depuis un an, on entend parler d'une possible entrée en politique de sa fille, Marina Berlusconi. Son nom reste bankable, c'est une marque.