"Un tel évènement serait accueilli normalement dans n'importe quel autre pays, mais là c'est incroyable de voir tous ces gens se réjouir et pas seulement à Rome, partout en Italie, juste parce qu'un Premier ministre a démissionné !" La confidence de Lucas au micro d'Europe 1, venu avec son fils fêter samedi soir à Rome le départ de Silvio Berlusconi, donne le ton : de nombreux Italiens ont fait la fête toute la nuit, soulagés de voir le "Cavaliere" quitter le pouvoir après 17 années d'hégémonie sur la droite italienne.
Une fois la démission annoncée, les rues du centre de la capitale italienne, envahies par la foule, se sont retrouvées complètement embouteillées de voitures klaxonnant à tout va, mais l'atmosphère restait toutefois bon enfant.
"L'Italie se dirige vers un avenir meilleur"
Cris de joie et concerts de klaxons ont accueilli l'annonce de la démission de Silvio Berlusconi, qui a dû, humiliation suprême, quitter par une porte dérobée le palais présidentiel assiégé par une foule en liesse. "Primavera, primavera" (Printemps, printemps), chantaient certains manifestants, en allusion aux printemps arabes qui ont abouti à la chute de plusieurs régimes dictatoriaux.
"Nous sommes tous très contents, on n'en pouvait plus de ce personnage qui a toujours agi pour ses intérêts personnels. L'Italie se dirige vers un avenir meilleur", s'est réjoui Tommaso Romito, un employé de 50 ans, le visage à moitié emmitouflé dans une écharpe blanche pour se protéger du froid.
A Milan aussi, des opposants à Berlusconi réunis sur la place du Duomo, devant la cathédrale, ont applaudi la nouvelle et débouché des bouteilles de champagne en entonnant l'hymne italien. Tout comme à Rome, la foule était parsemée de drapeaux italiens, le fameux "tricolore" (vert-blanc-rouge).
Une fête mais aussi des insultes
Si la plupart des Italiens descendus dans la rue samedi avec le sourire des soirées radieuses, d'autres n'ont pu contenir leur rancœur lorsque Silvio Berlusconi est arrivé au palais de la présidence. "Mafieux!", "Bâtard", "Va te faire f...!" : les insultes ont plu sur le Cavaliere, quand les manifestants ne demandaient pas tout simplement "la prison pour le bouffon".
"Aujourd'hui, nous sommes ici parce que nous sommes très très heureux que Berlusconi, finalement, rentre chez lui ! Qu'il retourne à la maison!", déclarait une manifestante au milieu d'un concert de sifflets. "Ciao, et surtout, ne reviens pas!" lançait un autre.
"Un peu comme notre bunga-bunga à nous !"
Parmi les manifestants romains figurait aussi le leader du Peuple violet, mouvement d'opposition à Berlusconi né sur les réseaux sociaux, Gianfranco Mascia: "Finalement, c'est un peu comme notre bunga-bunga à nous !", ironise-t-il, en allusion aux soirées torrides organisées dans les villas luxueuses de Silvio Berlusconi, qui lui ont valu un procès pour prostitution de mineure.
Une ambiance qui selon un manifestant n'était pas sans rappeler les manifestations du joie ayant marqué la dernière victoire de l'équipe italienne des Azzurri à la coupe du monde de football: danses dans les rues, embrassades...