Il a mis fin à plusieurs mois de suspense sur son éventuel retour à la tête du gouvernement italien. Près d'un an après avoir quitté le pouvoir, Silvio Berlusconi a annoncé mercredi qu'il renonçait à présenter sa candidature aux élections législatives de 2013 en Italie.
Depuis son retrait sous les huées en novembre 2011, le "Cavaliere" soufflait le chaud et le froid sur son retour en politique. Une stratégie pas dénuée d'intérêts politiques et médiatiques.
• Déprimé l'été, requinqué à l'automne. L'ancien homme fort de l'Italie a passé un été où ses proches le disaient "très déprimé". Les rumeurs vont alors bon train et les médias italiens rapportent qu'il a passé son temps à maigrir et à faire du jogging dans le but de s'engager dans la bataille des législatives en 2013. La starlette allemande Sabina Began, qui affirmait être enceinte de l'ex-chef de gouvernement italien dans une interview au journal Il Fatto Quotidiano, se dit même convaincue d'un come-back du "Cavaliere".
Voyant les partis politiques italiens en difficulté, Berlusconi semble se tenir prêt à devenir le "recours" inévitable. Le 11 août, Libération publie une interview dans laquelle il explique que son parti le presse de revenir. En septembre enfin, il convoque journalistes et lecteurs du journal Il Giornale sur un bateau de croisière. Un entretien de plus de deux heures dans lequel il détaille ce qui s'apparente à un programme de campagne.
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• Une cure de rajeunissement. Mais l'hypothèse d'un retour de Silvio Berlusconi, à la faveur des frustrations que provoque la cure de rigueur imposée par Mario Monti, divisait déjà les Italiens : la gauche, les centristes et une grande partie des milieux d'affaires craignaient qu'il ne s'impose à nouveau, alors qu'une partie de la droite conservatrice lui reste attachée. Depuis sa chute, les électeurs catholiques se sont progressivement éloignés de lui. Cet hypothétique retour servait à "tâter le terrain, observer le comportement des électeurs face à ces déclarations et ainsi élaborer une stratégie gagnante en fonction", analysait Marco Damilano, journalistique à L'Espresso, interrogé par Rue89.
Mais le "Cavaliere", toujours très présent médiatiquement, a fini par se rendre à l'évidence. Globalement, "il y a en Italie une aspiration au rajeunissement de la politique", décrypte Gilles Pécout, spécialiste de l'Italie à l'Ecole normale supérieure (ENS), interrogé par Europe1.fr. Actuellement, Mario Monti, le président du Conseil italien, "mène une politique très dure, qui s'apparente aux tendances néo-libérales. Mais en même temps, Monti incarne une autre tendance, celle de la rigueur, l'austérité. Une autre Italie", à laquelle aspire la majorité des Italiens.
• Le "Cavaliere" veut encore peser en politique. Bien qu'il soit aujourd'hui en retrait, Silvio Berlusconi veut peser dans le choix de son "successeur" au sein de son parti, le Peuple de la Liberté (PdL). Il l'avoue clairement. "Avec les élections primaires ouvertes dans le PdL, nous saurons d'ici décembre qui sera mon successeur, à l'issue d'une compétition libre et sereine entre personnalités et idées diverses".
A contrecœur, lui a finalement préféré se retirer, en montrant qu'il conservait un rôle politique et ce même si "le parti ne voulait pas l'avoir comme porte-bannière", précise Gilles Pécout. "Il n'a pas été soutenu. Les gens autour de lui ont compris qu'il fallait en finir", ajoute-t-il. Un retrait de la course qui intervient au moment où son parti fait face à une vague de scandales de corruption, notamment dans le Latium (Rome) et en Lombardie (Milan).
• Une lettre d'amour pour finir. Si Berlusconi est bien diminué politiquement, il est aussi empêtré dans les affaires judiciaires qui ne sont pas toutes réglées. Au vue de son communiqué, le "Cavaliere" croit toujours à sa relation particulière avec l'Italie. Et surtout, il n'annonce pas clairement qu'il se retire de la politique.
"Par amour de l'Italie, on peut faire des folies ou des choses sages. Il y a dix-huit ans, je suis entré en politique, une folie qui n'était pas dénuée de sagesse. Maintenant je préfère faire un pas en arrière pour les mêmes raisons d'amour qui m'avaient poussées alors", a-t-il indiqué dans un communiqué aux allures de missive sentimentale aux Italiens. "Je ne représenterai pas ma candidature au poste de président du Conseil et je demeure aux côtés des plus jeunes qui doivent jouer et marquer des buts". La partie politique n'est donc pas véritablement finie. En Italie, les conjectures vont déjà bon train sur la création d'un nouveau parti similaire à "Forza Italia". C'est justement cette bannière politique qui avait épaulé son entrée triomphale en politique en 1994.
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