Silvio Berlusconi a été doublement désavoué lundi dans les urnes : par le taux de participation de 57%, record pour un référendum de ce type, alors qu’il avait enjoint les Italiens à rester à la plage, et par l’issue du scrutin. 95% des votants se sont en effet prononcés contre les lois du gouvernement en place : sur l’eau, sur le nucléaire et sur l’immunité pénale du Cavaliere. Une claque qui intervient deux semaines après l’échec cinglant de la majorité aux municipales.
Or le lien direct avec le peuple italien est au cœur des succès électoraux de Silvio Berlusconi ces seize dernières années. Le Cavaliere a reconnu, selon des propos rapportés par le Corriere della Sera, que "ce n'est plus comme avant : les Italiens ne m'écoutent plus".
"Volonté des Italiens de tourner la page"
Pier Luigi Bersani, le chef du parti démocrate, principale formation d’opposition, a fustigé l’"écart entre le gouvernement et le pays". Pour Sandro Gozzi, député du PD, le référendum est "le signe clair de la volonté des Italiens de tourner la page", a-t-il affirmé sur Europe 1. "Ce n’est pas seulement une défaite de Silvio Berlusconi, mais c’est aussi une défaite de la majorité de centre-droit qui n’a pas su interpréter les humeurs et les attentes des Italiens", a-t-il renchéri.
Même à l’intérieur de la Ligue du Nord, alliée du Cavaliere au gouvernement, la contestation gronde. "Je ne voudrais pas que prendre des gifles devienne une habitude", a déclaré lundi un autre ministre de la Ligue, Roberto Calderoli. Lundi, les leaders du parti de droite ont fait une réunion de crise.
Un vote de confiance le 22 juin
Et Silvio Berlusconi saura bientôt ce qu'exige la Ligue pour prix de sa fidélité, jusqu'au terme de la législature en 2013. C'est en effet dimanche que Umberto Bossi, le leader du parti, consultera sa base lors du traditionnel pèlerinage à Pontida, une commune lombarde, pour le 21e rassemblement annuel de la Ligue. Le Cavaliere ne pourra pas passer outre les exigences de son allié, qu’il doit courtiser en vue du vote de confiance sur le programme du gouvernement prévu le 22 juin au Parlement.
De son côté, l’opposition pourrait faire ses choux gras de la débâcle. le leader du Parti démocrate Pier Luigi Bersani a, une nouvelle fois, appelé à la démission de Silvio Berlusconi. Mais aucun leader charismatique n’émerge à gauche. L’opposition "n’est pas un véritable camp bien solide et bien organisé", a constaté Cesare Martinetti, journaliste à La Stampa, au micro d’Europe 1. Les référendums avaient été demandés "par des mouvements plutôt que des partis", et "pas par le Pari démocrate", qui représente pourtant la majeure partie de l’opposition, a-t-il précisé.
La contestation de Silvio Berlusconi s’est donc organisée au-delà des partis, notamment via les réseaux sociaux. La Stampa met l'accent sur le rôle "des milliers de citoyens réunis dans de nouvelles familles électorales des réseaux sociaux, où l'on va voter parce qu'un ami t'a informé et non plus le parti". Le camouflet ne devrait pas bouleverser le paysage politique italien à court terme. Selon Ilvo Diamanti, chroniqueur de La Repubblica interrogé par l’AFP, "Bossi et Berlusconi feront tout pour ne pas aller aux urnes (avant l'échéance de la législature en 2013), car pour eux ce serait très dangereux".