Les coups de théâtre n'en finissent plus chez nos voisins transalpins. Après avoir soufflé le chaud et le froid durant des mois, Silvio Berlusconi s'est dit prêt à revenir pour gouverner le pays. La presse européenne est inquiète du retour aux affaires du "Cavaliere".
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• Veillée funèbre en France. "Le retour de la Momie", titre Libération lundi avec un portrait en Une du "Cavaliere". Selon le quotidien français, "l’inénarrable Silvio Berlusconi ressurgit d’entre les morts." Et l'éditorialiste de qualifier Silvio Berlusconi de "sempiternel acteur." Mais l'humour cède vite la place aux interrogations et aux inquiétudes. "Les nouvelles venues d'Italie sont très préoccupantes", affirme l'éditorial de La Croix lundi pour qui "tout le travail de redressement de l'Italie, financier, économique, moral, se trouve remis en cause. Au risque de plonger la péninsule, et avec elle le reste de la zone euro, dans une nouvelle tourmente."
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• La gueule de bois en Angleterre. "L'Italie s'est réveillé dimanche et a découvert que la politique était encore un monde de violentes attaques personnelles, de tours de passe-passe, d'égoïsme et d'obséquiosité choquantes", s'emporte le correspondant à Rome du Guardian (centre-gauche). Son retour est "de mauvais augure pour toute l'Italie et l'Europe", conclut dans un éditorial daté de dimanche, The Independant (centre-droit) qui s'inquiète à nouveau d'une "course au populisme" relancée.
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• Le "perturbateur" en Allemagne. "Le coup de théâtre orchestré par Silvio Berlusconi porte préjudice à l'Italie. (...) Sans idéaliser l'action de Mario Monti, ce dernier s'est attaqué à ce que Berlusconi avait raté. L'Italie semblait engagée sur le chemin d'une légère amélioration", déplore le Franckurter Allgemeine Zeitung (centre). Et de conclure : "l'Italie devrait être épargné par ce vaudeville, elle a besoin de continuité dans ses réformes politiques". Ce nouveau retournement de situation est "une bouffonnerie, une farce", selon Die Welt (centre-droit). Der Spiegel (gauche) est encore plus perplexe : "le chaos est de retour", titre le quotidien. Plus léger mais tout aussi symptomatique des travers du "Cavaliere", le Bild (tabloïd) en remet une couche dans le sous-titre de son article : "Bunga-bunga-comeback".
• La tactique de Berlusconi décryptée en Espagne. Pour El Pais (centre-gauche), le retour du "Cavaliere" n'est pas anodin. "Que gagne-t-il s'interroge le quotidien espagnol ? "Tout. Il y a 48 heures, il n'était qu'un ex-Premier ministre, contesté par les siens et qui avait plusieurs sentences judiciaires qui lui pendaient au nez : le Rubygate et Mediaset. Maintenant, en plus d'empêcher l'adoption de lois qu'il n'aime pas, Berlusconi peut obtenir que son procès soit reporté pour 'empêchement illégitime" pendant sa campagne", affirme le quotidien espagnol.
• Et qu'en dit l'Italie ? "C'est une chronique que nous aurions voulu ne jamais écrire", lance d'emblée le Corriere della Sera. "Les marchés ont beau être fermés, les yeux de la communauté internationale, ébahie, sont bien ouverts et elle nous le fera payer cher dès lundi", prédit le quotidien italien. Quant au quotidien de gauche, la Repubblica, ouvertement opposé au "Cavaliere", il publie une interview de Mario Monti. "Je suis inquiet pour l'Italie mais je ne pouvais pas faire autrement", se justifie l'actuel chef du gouvernement qui, interrogé sur son avenir, répond qu'il "ne sait pas encore".
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