L'opération devrait durer plusieurs jours. Des biens ont été saisis mercredi lors d'une perquisition entamée mardi dans l'appartement du fils du président de Guinée Equatoriale, Teodorin Obiang. Deux camions de déménagement ont été nécessaires pour déplacer le mobilier décorant l'hôtel particulier de six étages du 42 avenue Foch à Paris.
Les juges Roger Le Loire et René Grouman enquêtent sur cette affaire dite des biens mal acquis depuis décembre 2010. Le dossier porte sur les conditions dans lesquelles trois présidents africains, Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema et le défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba, ont acquis un important patrimoine immobilier et mobilier en France. La justice française les soupçonnent de recel, de blanchiment et de détournement de fonds publics étrangers.
L'information judiciaire, ouverte en 2008 après le dépôt d'une plainte par l'organisation anti-corruption Transparency International France, a récemment été ouverte aux proches de ce chefs d'Etat. "Nous avons la conviction que les Obiang ont constitué en France un patrimoine privé par le détournement de fonds publics, mais seule la justice peut l'établir", a affirmé Daniel Lebègue, président de Transparency France.
18,35 millions d'euros d'oeuvres d'art
Le cas de Teodorin Obiang, ministre de l'Agriculture et fils de Theodoro Obiang, est assez emblématique. Sa propriété parisienne s'étale sur plusieurs milliers de mètres carrés. Sa valeur est estimée à plusieurs millions d'euros sur le marché parisien. Teodorin Obiang a également acquis des oeuvres d'art lors de la vente de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en février 2009. Coût total : 18,35 millions d'euros.
Le dossier contient d'autres éléments, comme un document montrant que les paiements pour l'achat d'un autre immeuble privé proviennent du compte ouvert par le Trésor public guinéen à la Banque de France.
En septembre 2011, onze véhicules de luxe appartenant à la famille du président de Guinée-Équatoriale ont été saisis par la justice, ainsi qu’un immeuble de l’avenue Foch, propriété de l’entourage de Teodoro Obiang Nguema, selon Afrik.com
Pas d'immunité diplomatique
Mardi l'avocat du président guinéen, Me Olivier Pardo, s'est insurgé contre cette perquisition, estimant que l'immeuble était protégé par une immunité diplomatique. "Cet immeuble appartient à l'Etat équato-guinéen et non à la présidence", a protesté Me Pardo, précisant que ce changement de propriété était intervenu en octobre.
Le Quai d'Orsay a répondu par une fin de non-recevoir. "Cet appartement relève du droit commun", a fait valoir la diplomatie française.