C'est "un moment historique". Pour la première fois depuis cinquante ans, l'opposante birmane Aung San Suu Kyi a reçu vendredi la visite du chef de la diplomatie américaine, poste actuellement occupé par Hillary Clinton, à son domicile de Rangoun en Birmanie.
"Je suis très confiante dans le fait que si nous travaillons tous ensemble, et quand je dis nous je veux dire le gouvernement birman, l'opposition et nos amis des Etats-Unis et du monde entier (...) il n'y aura pas de retour en arrière sur la voie de la démocratie", a déclaré aux journalistes le prix Nobel de la paix.
Le régime doit encore faire des progrès, mais "nous espérons y parvenir aussi vite que possible", a insisté Aung San Suu Kyi. "C'est, je pense, un moment historique pour nos deux pays, parce que nous espérons que grâce à cette rencontre nous serons capables d'avancer pour renouveler les relations d'amitié et de compréhension qui lient nos pays depuis l'indépendance", a poursuivi Aung San Suu Kyi.
Les deux femmes se sont rencontrées pour la première fois jeudi lors d'un dîner en tête-à-tête. La secrétaire d'Etat lui a remis une lettre du président Barack Obama l'assurant du soutien indéfectible des Etats-Unis et l'a informée de ses entretiens à Naypyidaw.
Ce voyage intervient après huit mois de réformes spectaculaires. En mars dernier, la junte militaire a transmis ses pouvoirs à un gouvernement dit "civil".
"Nous ne sommes pas encore au point de lever les sanctions économiques", a prévenu Hillary Clinton :
Des relations amicales avec la Chine
Aung San Suu Kyi a, d'autre part, espéré que tout en développant ses liens avec les Etats-Unis, son pays continuerait à avoir des "relations amicales" avec le puissant voisin chinois, premier investisseur étranger dans le pays.
Pékin, qui réclame la levée des sanctions occidentales, a été pendant des années l'un des rares alliés de la Birmanie, empêchant notamment le vote de sanctions de l'ONU grâce à son droit de veto de membre permanent du Conseil de sécurité.
Le président birman Thein Sein avait surpris en annonçant en septembre la suspension de la construction d'un barrage de 3,6 milliards de dollars financé par les Chinois, auquel la population locale s'opposait.