L’INFO. Depuis près d’un an, Zahir Belounis est comme retenu en otage. Ce footballeur franco-algérien de 33 ans installé au Qatar ne peut plus quitter le pays. Transféré sans son accord dans un club qatarien de seconde division, il a porté plainte contre son club, l’Al-Jaish Sport Club en février dernier pour non-versement de son salaire. La réponse des dirigeants qatariens a été immédiate : son visa de sortie a été bloqué. Depuis, Zahir Belounis, qui n’est pas le seul dans ce cas, est bloqué dans le pays. Il s’est confié à Europe 1.
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"J’ai porté plainte, ils l’ont mal pris". Les employeurs du footballeur ne le "paient plus, plus un centime, depuis un an et demi". "En février 2013, je porte plainte : ils l'ont mal pris", explique Zahir Belounis, qui s’est ensuite vu refuser son "exit visa", son visa de sortie. "Ici, vous êtes parrainé par une personne ou une entreprise, ils ont le droit de vous donner, grâce à cet ‘exit visa’, l'autorisation de quitter le pays ou non", indique le footballeur, ajoutant : "vous imaginez bien que chaque employé au Qatar réfléchit à deux fois avant d'attaquer son employeur".
L'interview de Zahir Belounis sur Europe 1 :
Qatar : l'envers du décorpar Europe1frNuits blanche et stress. "Au quotidien, je ne fais rien, je suis avec ma famille, mes filles, on attend un appel pour nous dire que les négociations ont permis d'avoir l'exit visa", décrit Zahir Belounis. "Psychologiquement, mon mari est fragilisé, avec des nuits blanches, un stress permanant, ça se répercute sur la famille", avance son épouse, Johanna. Une situation d’autant plus difficile que l’argent commence à manquer, souligne de son côté le footballeur, qui ne désire qu’une chose : "rentrer chez [lui]".
"Où est le gouvernement ?". "Où est la France ? Où est le gouvernement ?", s’emporte le Franco-algérien, qui a rencontré François Hollande en juin, lors de sa visite d’Etat au Qatar. "Quand on l'a rencontré, nous étions dans une petite salle, il y avait Manuel Valls et Laurent Fabius, en toute intimité". S’il dit avoir lu de la "compassion" dans les yeux du chef de l’Etat, il note tout de même que "quatre mois plus tard, rien n’a changé". Zahir Belounis a tout de même un espoir, car "depuis une semaine, les négociations avancent bien" : "le gouvernement qatari a dit de manière officielle à l'ambassade de France que je pourrais rentrer chez moi à la fin du mois".
D’autres Français bloqués au Qatar. Le cas de Zahir Belounis n’est pas isolé : d’autres Français sont également coincés au Qatar, comme Stéphane Morello, entraîneur de football, bloqué depuis quatre ans par le comité olympique de l’émirat. Jean-Pierre Marongiu, chef d’entreprise de 53 ans, a été quant à lui spolié par un associé qatarien. Accusé d’escroquerie et de tentative d’évasion, il a été incarcéré et a entamé une grève de la faim il y a deux semaines. Enfin, Nasser Al Awartani, un homme d’affaires franco-jordanien, est retenu dans le pays par son ancien associé en raison d’un différend financier. Si rien ne bouge avant la semaine prochaine, l’avocat lillois Franck Berton, qui avait déjà défendu Florence Cassez, envisage un dépôt de plainte contre les plus hauts dirigeants de l’émirat.