LE CONTEXTE : L'Australie a dépêché jeudi des avions dans le sud de l'océan Indien pour tenter de localiser des objets repérés par satellite et qui pourraient être des débris du Boeing de la Malaysia Airlines introuvable depuis plus de douze jours.
Cette nouvelle piste de recherche soulève de nombreuses questions, qu’Europe1.fr a posées au spécialiste aéronautique Bernard Chabbert.
>> Qu’est-ce qui laisse penser que les débris pourraient être ceux d’un avion ?
La taille. Les débris qui ont été repérés par image satellite sont assez importants. L’un d’eux mesure 24 mètres de long. Cela pourrait donc être une aile d’avion. Il faut savoir qu’une aile de Boeing 777 mesure environ 30 mètres.
>> S’il s’agit bien de débris du Boeing, est-ce surprenant de les trouver à cet endroit ?
Oui et non. Il y a deux pistes géographiques étudiées pour les recherches. L’une allant vers le nord, jusqu’à l’Afghanistan, et l’autre vers le sud, en direction de l’océan Indien. Cette deuxième piste paraissait moins probable dans le cadre d’un détournement de l’avion car il n’existe aucune piste d’atterrissage dans cette zone.
En revanche, la zone dans laquelle se trouvent ces débris est cohérente avec les capacités en carburant de l’avion, la distance à laquelle se trouvent ces débris correspondant à l’autonomie de l’appareil au moment où il a quitté sa route normale.
>> La piste du détournement est-elle encore probable ?
Oui. Mais le fait de retrouver l’avion dans cette zone géographique laisserait supposer un détournement raté car il n’y a rien dans cette zone du monde pour atterrir, donc pourquoi vouloir aller dans cette direction-là ? On peut, par exemple, imaginer qu’une bagarre a éclaté dans le cockpit entre la personne qui a voulu prendre le contrôle de l’appareil et celles voulant l’en empêcher.
>> La piste d’un accident ou d’une panne à bord est-elle aussi envisageable ?
Oui. La piste d’une gigantesque panne peut aussi être une hypothèse plausible. On peut imaginer une dépressurisation, mais c’est quand même peu probable car il y a des masques à oxygène et l’équipage sait s’en servir. Et puis, il reste la question des moyens de communication de l'avion qui ont été coupés.
On peut aussi imaginer la piste d’un incendie, comme cela a été le cas en 1998 sur le vol Swissair 111 qui s’est abîmé dans l’Atlantique, après qu’un feu s’était déclaré dans le plafond de l’appareil. Mais là encore, il est peu probable que l’appareil ait pu continuer à voler cinq ou six heures car un incendie, dans un avion, se propage à une vitesse épouvantable. Si un feu éclate à bord, c’est une question de minutes avant qu’il ne s’écrase, à moins que le feu ait été éteint.
Enfin, on peut imaginer que le pilote et le copilote se soient évanouis en raison de la présence de fumée, par exemple. Et, comme depuis le 11-Septembre il est quasiment impossible d’entrer dans le cockpit s’il est verrouillé de l’intérieur. Alors l’appareil aurait continué sa route, tel un avion fantôme, jusqu’à épuisement du carburant, les passagers ne pouvant rien faire.
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