L'INFO. Il se trouve aux mains de Boko Haram. Le père Georges Vandenbeusch, un prêtre français, a été enlevé, mercredi soir à 23h30, dans le monastère où il vivait au Cameroun, près de la frontière avec le Nigeria. "Tout sera fait pour qu'il puisse être libéré", a affirmé François Hollande jeudi à Monaco, tout en demandant aux Français de "ne rien faire qui puissent mettre en danger leur vie ou les exposer à des enlèvements".
Enlevé par Boko Haram. Le père Georges Vandenbeusch a été kidnappé par la secte islamiste Boko Haram, "qui a mené l'opération en coordination avec Ansaru", une émanation du groupe qui a déjà revendiqué des enlèvements dans le passé. Boko Haram, formée en 2002, a un objectif : 'imposer la "charia", la loi coranique, dans la moitié nord du Nigeria. Le groupe est notamment à l'origine de l'enlèvement dans le même secteur de sept Français, dont quatre enfants, en février dernier. Selon les informations d'Europe 1, le père Georges Vandenbeusch avait d'ailleurs à l'époque proposé son aide pour obtenir la libération de la famille.
Les ravisseurs voulaient de l'argent. Mercredi soir, une quinzaine d'hommes armés sont arrivés en moto et en voiture près de Koza, dans le nord du Cameroun, à 30 kilomètres de la frontière avec le Nigeria. Ils sont entrés dans la paroisse, s'en sont d'abord pris à des religieuses. Un religieux qui se trouvait dans le monastère au moment de l'enlèvement a raconté à Europe 1 que les ravisseurs "réclamaient de l'argent". "Ils cherchaient le coffre-fort mais comme ils n'arrivaient pas à l'ouvrir, ils ont décidé de repartir avec le père Georges", a expliqué le père Henri Djongyang.
Après avoir cherché de l'argent, les ravisseurs se sont en effet dirigés vers la maison du père Georges Vandenbeusch, 42 ans, à quelques mètres de là. Alerté par le bruit, le prêtre a eu le temps de prévenir les autorités. La brigade d'intervention rapide camerounaise est arrivée rapidement sur les lieux, mais trop tard : les ravisseurs s'étaient déjà emparés du religieux, direction le Nigeria. Sur la route, une valise avec, à l'intérieur, un chéquier à son nom, a été retrouvée. Le gouvernement camerounais a dit jeudi craindre que les ravisseurs et leur otage "ne soient déjà hors de [son] territoire".
Une zone classée "rouge". Georges Vandenbeusch, curé de la paroisse de Nguetchewe, savait qu'il était dans une zone dangereuse. "Cette zone, classée en zone rouge par le centre de crise du ministère des Affaires étrangères, était formellement déconseillée du fait du risque terroriste et du risque d'enlèvement", ajoute-t-il. Le prêtre, arrivé il y a deux ans au Cameroun après avoir officié en région parisienne, avait choisi en connaissance de cause de rester sur place.
Un prêtre "proche des gens". L'ancienne paroisse du religieux, à Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, est sous le choc. Des paroissiens décrivent un prêtre "bon" et "proche des gens", animé par son devoir pastoral. Dans une lettre publiée en septembre sur le site de la paroisse, le prêtre donnait des nouvelles du Cameroun et décrivait les combats contre la secte Boko Haram. Au Nigeria, c'est "la conversion à l'islam, le départ ou la mort", écrivait-il alors, ajoutant : "mais rassurez-vous, la sécurité ici est bonne car le Cameroun sert de refuge aux islamistes pourchassés". Mgr Gérard Daucourt, évêque de Nanterre, a décrit au micro d'Europe 1 un "sportif", "grand animateur de groupes de jeunes" et un homme "tout à fait posé", ajoutant : "s'il avait été tête brûlé, je ne l'aurais pas laissé partir en Afrique".
Une enquête ouvert à Paris. Le parquet de Paris a ouvert une enquête jeudi pour "enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste", une démarche classique lorsque ce genre de faits touche des Français à l'étranger.
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