L’INFO. Il vit seul dans les Andes à plus de 4.000 mètres d'altitude, mâche des feuilles de coca et fait toujours sa propre cuisine : à 123 ans, Carmelo Flores Laura serait l'homme le plus vieux du monde, selon les registres officiels boliviens, confirmant ses déclarations à une chaîne de télévision locale la semaine dernière.
Quelques douleurs. Le vieil homme coule des jours paisibles dans le hameau perdu de Frasquia, à l'ouest de La Paz près du lac Titicaca. Un poncho sur les épaules, cet homme à l’âge très avancé marche sans aucune aide mais n’a plus de dents. Il confie à l'Agence France Presse "avoir parfois quelques douleurs" à la poitrine et à l'estomac mais ne prend pas de médicaments. Toute sa vie, dit-il en langue aymara, il a travaillé comme journalier. "Avant, il n'y avait rien à manger, je devais parfois me contenter de lézards ou de serpents. Je leur ouvrais le ventre et je me préparais une friture ou les mettais dans la soupe", raconte-t-il. "Maintenant, je peux acheter du riz, des vermicelles" qu'il prépare lui-même sur un petit fourneau aux flammes avivées par de la bouse de lama, ajoute-t-il.
Ses papiers indiquent bien 1890 :
Les documents envoyés au Livre des records. Le Tribunal Electoral de Bolivie a confirmé que "monsieur Carmelo Flores Laura est inscrit dans les registres, sa date de naissance est le 16 juillet 1890 et il vit dans la commune de Frasquía, où il est agriculteur". Les autorités de La Paz ont indiqué que ces documents seraient envoyés au Livre Guinness des Records pour qu'il puisse être homologué comme l'homme le plus vieux du monde. La plus vieille personne vivante dont l'âge est officialisé par une preuve de sa naissance est la Japonaise Misao Okawa, âgée de 115 ans. Le record de la plus vieille personne identifiée revient à la Française Jeanne Calment, décédée à l'âge de 122 ans en 1997.
14 petits-enfants et 39 arrière petits-enfants. Aujourd’hui, Carmelo Flores vit seul dans une masure au toit de paille et au plancher en terre battue sans eau courante. Arrivé très jeune dans le village en quête de travail, il est tombé amoureux d'une veuve qu'il a épousée et avec laquelle il a eu trois enfants. "Elle est morte il y a longtemps", dit-il, tandis que son petit-fils Edwin, âgé de 27 ans et venu lui rendre visite, se rappelle que sa grand-mère avait alors 107 ans. Comme son épouse, deux de ses trois fils sont décédés. "Il ne me reste plus qu'un fils, Cecilio", qui vit à El Alto dans la banlieue de La Paz, dit l'aïeul, ému. Il a aujourd'hui 14 petits-enfants et 39 arrière-petits-enfants.
Il a fait la guerre du Chaco. Mâchant les feuilles de coca, une coutume ancestrale dans les Andes, pratiquée notamment pour combattre les effets de l'altitude, Carmelo Flores évoque des souvenirs lointains, comme lorsqu'il a été recruté pour se battre comme soldat dans la Guerre du Chaco, opposant la Bolivie au Paraguay (1932-1935), un des conflits les plus sanglants ayant touché l'Amérique latine au 20e siècle. Du fond de sa mémoire remontent d'autres images de combats lointains et de révolutions passées. "Nous nous sommes battus avec des bâtons et des frondes", dit-il, même s'il ne se souvient plus très bien en quelle année.