Il a le cheveu blond platine en pagaille et le caractère bien trempé. A 47 ans, Boris Johnson, le maire conservateur de Londres, est en quête d'un nouveau mandat de quatre ans à la tête de la capitale britannique lors des élections qui se tiendront jeudi. Retour sur une personnalité hors norme.
Le jeune Alexander Boris de Pfeffel Johnson est né à New York en 1964. Il a d’abord fait ses classes dans le prestigieux collège britannique d’Eton, partageant les bancs de la classe avec un certain David Cameron, aujourd’hui Premier ministre de la Grande-Bretagne. Il a ensuite intégré la célèbre université d’Oxford, où il a étudié les lettres classiques.
"Votez Tory, votre femme aura de plus gros seins"
D’abord journaliste, Boris Johnson s’est fait connaître en participant à de nombreuses émissions de télévision populaires où sa gouaille a fait merveille. En 2001, il est élu député à la chambre des Communes après une campagne où son franc-parler détonne. "Si vous votez tory [conservateur], votre femme aura de plus gros seins et vous augmenterez vos chances d'acquérir un jour une BMW M3", a-t-il ainsi lancé un jour lors d’un rassemblement à Henley.
En 2004, Boris Johnson est dans la tourmente après avoir menti sur une relation extra-conjugale, alors qu’il est marié et père de 4 enfants. Au creux de la vague, il parvient à rebondir quatre plus tard en se présentant aux élections municipales de Londres face au travailliste Ken Livingstone, qui sera de nouveau face à lui lors du scrutin de jeudi. Johnson l’emporte d’une courte tête et, depuis, s’est fait un prénom. A Londres, il est en effet désormais de bon ton d’appeler simplement le maire "Boris".
Le succès des "Boris bikes"
Car la politique menée par Boris le "Bouffon", comme le surnomme ses adversaires travaillistes, est apprécié des Londoniens. Dans une ville engorgée par le trafic, dont le métro fonctionne de façon souvent chaotique, le principal succès du maire sortant a été la mise en place d'un système de vélos en libre-service inspiré par celui de Paris, surnommés les "Boris bikes".
Il a aussi remisé au dépôt les bus articulés introduits par son prédécesseur, leur préférant les traditionnels bus à impériale dans une version modernisée.
Une image ternie par les émeutes de 2011
Cependant, l’image de Boris Johnson a été écornée par sa gestion des émeutes qui ont secoué plusieurs villes du pays en août 2011. Contrairement à son prédécesseur qui était revenu en urgence à Londres après les attentats à la bombe de juillet 2005, Johnson était en vacances au Canada avec sa famille au moment des troubles. Il avait tardé à réagir et à prendre la mesure de l'ampleur des violences urbaines.
Ses détracteurs lui reprochent également les chiffres de la délinquance et lui imputent la hausse des tarifs des transports publics qu'il défend au nom de l'investissement.
Reste que, selon les analystes, son tempérament pourrait éclipser les faux pas commis lors de son mandat et compliquer de fait la reconquête de "Ken Le Rouge". "Il peut se sortir de toutes les situations parce qu'il est amusant", estime George Jones, professeur de gouvernement à la London School of Economics. Et un autre spécialiste de renchérir : "Il a cette chance considérable qui fait que la majorité de ses erreurs, si ce n'est toutes, sont perçues comme des preuves de son authenticité".