L’INFO. Les manifestations sont entrées dans leur 2e semaine. Plusieurs milliers de Bosniens sont encore descendus mardi dans la rue sur le parvis du Parlement à Sarajevo. Ils dénoncent l'incapacité de leurs élus à combler un vide juridique qui empêche des milliers d'enfants d’obtenir des papiers depuis février.
Comment est partie la contestation ? Le cas d’un bébé de trois mois qui doit être hospitalisé en Allemagne, mais qui ne peut pas obtenir un passeport à défaut d’un numéro personnel d’identification, a ému l’opinion. Ses parents s’étaient expliqués sur Facebook, affirmant que leur enfant nécessitait d’urgence une greffe de cellules souches.
Quel est le problème ? Les manifestants exigent l'adoption rapide d'une loi sur le numéro personnel d'identification qui permettrait d'en doter les nouveau-nés. Une précédente réglementation, annulée en février, a créé un vide juridique. Faute de ce sésame bureaucratique, il n'est en effet pas possible pour ces enfants de bénéficier de l'assurance-maladie et d'avoir un passeport.
"Un devoir de citoyen". Le mouvement de contestation commence, petit à petit, à rassembler des manifestants des trois communautés qui en ont assez d'une telle attitude. Une nouveauté depuis le sanglant conflit des années 90. "C'est la première fois depuis la fin de la guerre que des citoyens, indépendamment de leur appartenance ethnique, sont venus protester ensemble parce que ce sont leurs droits fondamentaux qui sont menacés", a fait valoir Sasa Drace, professeur à la faculté de philosophie de Sarajevo."Soutenir cette manifestation est mon devoir de citoyen et je suis venue dire que ça suffit !", a affirmé Ilma Ibrovic, une étudiante en sciences politiques.
Ils ont déjà bloqué le Parlement. Les manifestants eux ne lâchent rien et multiplient les actions. Vendredi dernier, 1.500 élus, fonctionnaires et banquiers étrangers ont été retenus pendant 14 heures dans l'enceinte du Parlement bosniaque. Ils n’ont pu sortir qu’en fin de nuit.
Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux étudiants et beaucoup de jeunes couples avec leurs enfants, avaient cerné le bâtiment jeudi pour dénoncer l'incapacité à s'entendre sur la façon de déterminer le numéro d'identité à 13 chiffres attribué à chaque citoyen. L'émissaire international pour la Bosnie, l'Autrichien Valentin Inzko, a finalement convaincu les manifestants de lever leur siège en leur promettant de contribuer à la résolution du problème.
Pourquoi ça bloque ? Les élus musulmans, serbes et croates, qui représentent les principales communautés de ce pays ethniquement divisé au Parlement, campent sur leurs positions et n'arrivent pas à parvenir à une solution de compromis. Les Serbes de Bosnie ont exigé que les cartes d’identité aient un numéro spécifique indiquant leur région, alors que les musulmans bosniaques et les Croates plaident pour que les numéros soient aléatoires afin éviter d’attiser les divisions ethniques, décrypte le New York Times