Boston : pourquoi Tsarnaev risque la peine de mort

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PROCÈS - L’auteur présumé des attentats de Boston encourt la peine de mort… dans un Etat qui l’a abolie depuis des années.

C'est en pull-over sombre et pantalon clair, portant une petite barbe, que Djokhar Tsarnaev est apparu lundi à l’ouverture de l’audience. Âgé de 21 ans, il est le seul accusé du procès des attentats de Boston, qui avaient fait trois morts et près de 300 blessés le 15 avril 2013. Lundi, dans la salle du tribunal de Boston, il a scruté les visages des jurés potentiels, qui n’ont pas encore été sélectionnés, mais qui pourraient bien signer son arrêt de mort. Car Djokhar Tsarnaev risque bien la peine de mort, même si l’Etat du Massachussetts l’a abolie depuis longtemps. 

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© AFP/FBI

Un procès fédéral. La raison est strictement légale : le procès de Djokhar Tsarnaev est un procès fédéral et ne se joue donc pas au niveau de l’Etat du Massachussetts, où la dernière exécution remonte à 1947. Or, au niveau fédéral, la peine de mort existe. Dans cette affaire, l’accusé est poursuivi directement par les Etats-Unis, représentés par Eric Holder, le procureur général du pays, un titre qui correspond à celui de ministre de la Justice. Il y a quelques mois, ce dernier avait fait savoir que même s’il était opposé personnellement à la peine capitale, il avait l’intention de la requérir contre Djokhar Tsarnaev.

Un jury sélectionné avec soin. Tenir un procès avec comme issue possible une condamnation à mort dans un Etat où elle n’existe pas, cela ne va bien sûr pas de soi. C’est pourquoi une attention toute particulière va être portée à la sélection des jurés. D’après le Boston Globe, le processus pourrait prendre plus d’un mois, car le jury, composé de douze personnes et six suppléants, doit être non seulement "impartial", mais aussi capable de condamner Djokhar Tsarnaev à mort. Pour que l’accusé soit condamné à mort, le jury doit être absolument unanime, faute de quoi le juge devra prononcer une peine de prison à vie. 

Une avocate très impliquée. Djokhar Tsarnaev, lui, sait bien ce qu’il risque. C’est pourquoi il s’est entouré de pas moins de cinq avocats, dont Judy Clarke, une spécialiste de ce genre d’affaires. Décrite par CNN comme une "farouche opposante à la peine de mort", elle a permis à des criminels comme Theodore Kaczynski, alias le terroriste "Unabomber" et Jared Loughner, qui avait tiré sur l’élue Gabrielle Gifford, d’éviter le couloir de la mort. Avant même l’ouverture du procès, les avocats de Tsarnaev ont tenté, en vain, de contester la constitutionnalité de la peine de mort, en s’appuyant sur la polémique qui a suivi l’exécution ratée de Clayton Lockett. Ce condamné à mort de l’Oklahoma avait agonisé pendant 43 minutes après avoir reçu la première injection létale. Et il y a quelques jours, Judy Clarke a tenté de faire délocaliser le procès, expliquant qu’à Boston, une ville encore traumatisée, son client n’aurait pas droit à un procès équitable. Une demande également rejetée, tout comme sa tentative de négocier un accord avec les procureurs, selon lequel Djokhar Tsarnaev aurait plaidé coupable, en échange d’une peine de prison à vie. 

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