Un internement psychiatrique serait "pire que la mort". Anders Behring Breivik a tenté, au huitième jour de son procès mercredi, de défendre sa santé mentale. L’auteur de la tuerie d’Oslo, qui tient à être reconnu pénalement responsable pour la mort de 77 personnes l'an dernier en Norvège, a réitéré ne pas vouloir "finir dans un asile" et en assurant "je pense que les gens peuvent voir que je ne suis pas fou".
La question, centrale dans le procès de Breivik, devra in fine être tranchée par les juges dans leur verdict attendu en juillet.
Un rapport faux à 80%, selon Breivik
Les "200 mensonges" des experts. Durant toute la journée, Anders Breivik s'est employé à contredire les conclusions de la première évaluation psychiatrique qui a conclu à son irresponsabilité pénale. Elle contient, selon lui, "plus de 200 mensonges". "Ce sont des inventions mal intentionnées", a assuré le tueur d’Oslo en citant des passages précis de l'expertise psychiatrique qui avait conclu l'an dernier qu'il était psychotique.
"Par exemple, je n'ai jamais parlé des 'anarcho-marxistes', c'est pourtant écrit en page 103", a-t-il notamment cité avant d’assurer que ce rapport était à "80% faux". Pire encore : Anders Breivik reproche aux experts ne pas avoir reporté "des choses importantes" qu'il leur a confié. "Par exemple, j'ai dit que j'avais une stratégie de déshumanisation pour inhiber la peur et les émotions. Ils ne l'ont pas reporté" et "j'ai aussi expliqué ma méthode d'in(dé)sensibilisation, mais les experts n'ont pas jugé utile de le reporter non plus", a-t-il rapporté.
Il n’est pas malade mental, mais souffre de la polio
Breivik assure qu'il n'est pas malade mental. Quant au fait que le rapport d'expert mentionne qu'Anders Breivik a pu avoir hérité d'une maladie mentale, l’auteur de la tuerie a affirmé une fois encore que c’est faux. Il a affirmé "qu'il s'agit de la polio".
"Je pense sincèrement que les deux premiers psychiatres ont conclu que j'étais une personne normale. Mais pour avoir fait ce que j'ai fait, je devais être complètement fou", a enfin estimé Anders Breivik pour sa défense. Avant d'ajouter : "regardez, Mandela est un terroriste marxiste responsable d'attentats. Il est perçu aujourd’hui comme un grand héros".
"C’est difficile d’être ici"
Breivik se dit touché par les témoignages. La journée de mercredi a été également l’occasion d’écouter à la barre plusieurs victimes d’Anders Breivik. Eivind Dahl Thoresen, un étudiant de 26 ans, a expliqué à la Cour comment il a échappé in extremis à la mort après avoir perdu deux litres de sang à la suite de l'explosion. S'appuyant sur des béquilles, cicatrices toujours visibles aux bras, il a expliqué avoir "essayé d'arrêter le flot de sang avec la main mais le flot s'est intensifié. Mon jean bleu était devenu rouge, imprégné de sang", a témoigné le jeune homme. "J'essaie de penser positif tout le temps, et j'ai appris à apprécier les petites choses", a-t-il témoigné.
Après un défilé de témoins à la barre, Anders Breivik a tenté de sombrer dans l’émotion affirmant "c'est difficile d'être ici".