Le Norvégien Anders Breivik comparaît depuis lundi devant le tribunal d'Oslo. Depuis le début du procès, l'homme a multiplié les gestes provocateurs. Mercredi, le tueur d'Oslo qui a fait 77 victimes l'été dernier a répondu aux questions du parquet et de la défense. Retour sur les moments forts de cette troisième journée de procès consacrée aux Chevaliers Templiers, un réseau mystique au nom duquel il affirme avoir agi mais dont la police n'a pu prouver l'existence.
Breivik se terre dans le silence
Vers 9h, mercredi, Anders Breivik a refait son salut extrémiste. Bras droit tendu et poing fermé, qui représente, selon lui, "la force, l'honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe", Anders Breivik est entré dans la salle 250 du tribunal d'Oslo. Seule sa cravate est différente : noire, à rayure blanche.
Alors que l'auteur revendiqué de la tuerie, âgé de 33 ans, a répondu sans difficulté aux premières questions de la procureure, vers 9h30 heures, il se terre tout d'un coup dans le silence. "Pourquoi est-il allé à Londres ? Qui est le mentor auquel il fait référence dans son manifeste ? Était-il à la tête de l'organisation ?" Autant de questions auxquelles Anders Breivik refuse de répondre. Il répète seulement qu'il était en contact avec trois autres personnes en plus du Serbe qui se trouvait au Liberia et renvoie la procureure à son manifeste.
Un recueil "pompeux"
L’extrémiste reconnaît toutefois que son recueil est un rien "pompeux". Un terme qu'il utilise très régulièrement depuis le début du procès. Breivik explique que ce manifeste était rédigé pour "vendre du rêve", "vendre une idéologie", comme le rapporte une journaliste du Guardian sur son compte Twitter. La procureure demande à Anders Breivik s'il a modifié certains faits, s'il a exagéré les rencontres qu'il a pu faire à Londres ou au Liberia. Il dément. "Rien n'a été inventé, mais il faut regarder ce qui a été écrit dans un contexte. C'est une glorification de certaines idées, de certains principes et de certains motifs", déclare-t-il.
Breivik says his manifesto was a "sales tool...we are selling dreams. That's what it is to sell an ideology if you wish you inspire others."— Helen Pidd (@helenpidd) April 18, 2012
Nom de code "Sigurd"
Juste avant la pause du déjeuner, le prévenu révèle son nom de code. Sigurd, à l'image du roi norvégien au XIIeme siècle. Un roi qu'il qualifie comme "le plus important leader que la Norvège ait connu." Anders Breivik se décrit ensuite comme un "modèle". Il assure qu'il s'est "sacrifié" pour introduire la "tradition du martyr auprès des militants nationalistes en Europe".
La peine de mort ou l'acquittement :" les deux seuls verdicts justes"
Si Breivik est déclaré responsable, pour l'instant deux expertises se contredisent à ce sujet, il risque 21 ans de prison, peine maximale en Norvège. En début d'après-midi, il a lancé que la peine de mort ou l'acquittement sont les "deux seuls verdicts justes". D'après la journaliste de Libération présente sur place, "Il trouve que c'est idiot que le juge, révoqué hier, ne soit pas en charge de décider de son sort, parce qu'alors, il aurait peut-être été "condamné à la peine de mort". La peine de mort à toutefois été abolie en Norvège en 1979.
Il ne veut pas être condamné à mort, mais cela aurait "servi 'sa' cause". Parce qu'un tel verdict aurait affaibli l'Etat de droit en Norvège, qui aurait alors renoncé à ses principes.
Deux autres cellules peuvent frapper
Interrogé sur ses éventuels contacts avec d'autres extrémistes nationalistes, l'accusé a assuré que deux autres cellules pouvaient frapper à tout moment. En revanche, contrairement à mardi, Anders Breivik s'est révélé beaucoup moins loquace. "Je ne souhaite pas m'exprimer là-dessus", a-t-il prévenu. Pourtant, c'est grâce à eux qu'il prétend avoir fondé les Chevaliers Templiers, une organisation mystique nationaliste. "Le problème pour les militants nationalistes depuis la seconde guerre mondiale est l'absence de modèles à suivre", a estimé Breivik, se présentant comme un "fantassin" prêt à mourir pour servir sa cause.
A l'issu de l'audience, le ministère public norvégien a dit "ne pas croire en l'existence d'autres cellules évoquées" par Anders Breivik.
#Breivik ne veut pas parler des 2 autres cellules qui seraient en Norvège. La police n'en a jamais trouvé la moindre trace.— Olivier Truc (@OlivierSweden) April 18, 2012
La séance s'est terminée vers 16 heures. Lors de cette audience, l'extrémiste est apparu sur la défensive. Les questions du parquet semblent l'avoir déstabilisé à plusieurs occasions. Dans les jours qui suivent, les procureurs vont tenter de savoir s'il est fou, et donc irresponsable ou pas, de ses actes.