La quatrième journée du procès d'Anders Behring Breivik, pour l'attentat d'Oslo et la tuerie d'Utoya le 22 juillet dernier, a été marquée par la suite du témoignage de l'accusé. Breivik a ainsi raconté comment il s'était préparé à cette journée et comment tout ne s'est pas déroulé selon ses plans. Europe1.fr vous rappelle l'essentiel de cette audience.
Pas de salut extrémiste
Contrairement aux trois premières journées du procès, Anders Behring Breivik n'a pas levé son bras, poing fermé, en signe de salut. Son avocat lui avait demandé de s'abstenir, par égard pour les victimes et les survivants des attaques.
Une préparation dès 2006
Breivik raconte qu'il a passé cette année-là à jouer à des jeux vidéo, dont World of warcraft. "Ce n'est pas un jeu violent du tout", a-t-il affirmé, précisant cependant que le jeu lui avait permis de "se préparer mentalement" au massacre. Dès cette période, a-t-il expliqué, il savait qu'il exécuterait ultérieurement une "opération-suicide".
A la même période, il a expliqué s'être entraîné dans un club de tir et s'être procuré des armes auxquelles il a donné des noms inspirés de la mythologie nordique: Gungnir [la lance du dieu de la mort Odin] pour son fusil, Mjoelner [le marteau de Thor, le dieu de la foudre et du tonnerre] pour son pistolet Glock mais aussi Sleipnir [le cheval à huit jambes de Odin] pour son véhicule.
Trois attentats et une fusillade planifiés
Anders Behring Breivik n'a pas pu atteindre son objectif initial, a-t-il reconnu. "Le plan, c'était trois voitures piégées suivies d'une fusillade", a-t-il expliqué. Deux bombes devaient exploser dans le quartier des ministères et au siège du parti travailliste. La cible de la troisième est incertaine : Breivik a évoqué une tour abritant le journal norvégien Aftenposten, le Parlement, l'Hôtel de ville d'Oslo ou encore le Palais royal.
S'il avait survécu à ces attaques, ce qu'il jugeait très improbable, il comptait aussi perpétrer une fusillade contre les occupants d'un squat célèbre d'Oslo - Blitz -, le journal Dagsavisen et le parti de la Gauche socialiste, dont les bâtiments sont géographiquement proches. Breivik a finalement renoncé à ce plan en juin. "C'était beaucoup plus difficile que je ne le pensais de faire une bombe", a-t-il expliqué. Il a également évoqué l'amenuisement de ses moyens financiers.
Les objectifs pas atteints
Anders Behring Breivik a reconnu qu'il n'avait pas atteint ses objectifs. L'explosion de la bombe dans le quartier des ministères devait tuer "tout le gouvernement norvégien, y compris le Premier ministre". "Au moins 12 morts était le critère minimum pour que je considère la première opération comme un succès", a indiqué Breivik. En fait, huit personnes sont mortes dans l'explosion de la bombe. Ayant appris à la radio que la tour ne s'était pas effondrée, Breivik dit avoir considéré que l'opération était "un fiasco".
Sur l'île d'Utoya, Breivik avait prévu de tuer "tout le monde", tout en niant être "un tueur d'enfants". Il comptait exécuter, s'inspirant d'une méthode "jihadiste", des responsables du parti travailliste puis tirer des coups de feu pour pousser les participants à se jeter à l'eau et à se noyer, a-t-il expliqué. "Utoya était la cible politique la plus attractive à ce moment-là", a dit Breivik. "J'assume Utoya. J'assume ce que j'ai fait. Je le referais", a-t-il ajouté.
Vendredi, l'audience sera consacrée à l'interrogatoire de Breivik par l'accusation.